Il y a plusieurs niveaux de décision. Pour des stagiaires, des magistrats, cela se passe naturellement au niveau des directions, c'est-à-dire au niveau des directeurs eux-mêmes, ce qui n'a pas été le cas en l'espèce. Je pourrais citer quelques exemples et vous dire combien d'observateurs de ce type nous accueillons au sein des différentes directions. La Direction de l'ordre public n'est pas la seule concernée. Il s'agit souvent de la Direction de sécurité et de proximité de l'agglomération parisienne, parfois de la police judiciaire. Arrivent au cabinet toutes les demandes de presse – le service de presse m'étant directement rattaché – qui sont visées par moi personnellement ou, si je suis absent, par le préfet directeur du cabinet, en qui j'ai toute confiance. Bien entendu, les directeurs ont pour consigne de faire remonter au préfet de police les demandes qui peuvent paraître sensibles ou pour lesquelles un arbitrage est nécessaire.
Je veux ajouter cependant le point suivant : si j'avais été sollicité – ce qui n'a pas été le cas – au sujet de cette demande, l'aurais-je refusée ? L'honnêteté m'amène à dire que non, très vraisemblablement, n'en ayant aucune raison pour ce qui concerne un collaborateur du Président de la République, qui travaille quotidiennement avec mes équipes sur les déplacements du chef de l'État dans la capitale – et je pourrais vous donner plusieurs exemples.
En revanche, j'aurais à coup sûr fait une mise en garde contre les risques que présentait cette manifestation. La veille du 1er mai, j'ai en effet annoncé, par un communiqué de presse que l'on doit pouvoir retrouver, que, compte tenu des informations dont nous disposions, cette manifestation présentait de graves risques. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le rôle d'un observateur que de participer lui-même au maintien de l'ordre. S'il s'agit d'un observateur raisonnable, sage et intelligent, il reste à sa place, en retrait, et vous connaissez la formule du droit romain, qui s'applique parfaitement en l'espèce : Fraus omnia corrumpit.