Si j'ai bien noté, votre intervention comporte trois volets.
Sur le premier, je crois m'être déjà exprimé. Je le redis : le soir, quand nous faisons, le ministre de l'intérieur et moi-même, la visite de la salle d'information et de commandement, la SIC comme on l'appelle, la présence de M. Benalla m'étonne comme elle étonne mes collaborateurs qui sont derrière moi : que fait-il là ? On passe. On lui donne une poignée de main rapide et on continue parce que l'opération n'était pas terminée. Ce soir-là, le ministre a assisté en direct, dans la salle de commandement, aux dernières manoeuvres autour de la place de la Contrescarpe. Comme je vous l'ai indiqué, les dernières interpellations auxquelles ont procédé les services sont intervenues à vingt-trois heures. Voilà le caractère très furtif de cette rencontre. Ma priorité était de voir la gestion de la fin des manifestations. Ensuite, j'ai préparé la venue de M. le Premier ministre sur le terrain puisqu'il est arrivé à l'hôtel de police du 13e arrondissement vers vingt-trois heures.
Pour le lendemain, le 2 mai, je vous ai déjà donné le détail mais je suis prêt à reprendre. J'ai découvert, avec étonnement, que M. Benalla avait été sur le terrain dans des conditions totalement inappropriées. J'ai procédé à des alertes, notamment du côté du cabinet. J'ai ensuite lancé des investigations internes. À la suite des différents échanges, le cas de M. Benalla a été pris en compte par l'autorité hiérarchique compétente. Il a été convoqué et sanctionné. Vous en pensez ce que vous voulez, mais moi je n'irai pas sur ce terrain. J'ai considéré que l'affaire était prise en compte au niveau pertinent. Voilà la réponse que je peux faire sur ce point.
Quant aux personnes interpellées, elles ont été conduites dans le centre de la rue de l'Évangile, dans le 18e arrondissement, au nord de Paris. Ce soir-là, les services ont procédé à quelque 280 interpellations, 153 présentations à officier de police judiciaire et 109 gardes à vue. C'est l'activité de la journée. Ces deux personnes ont été présentées au centre de la rue de l'Évangile. Elles avaient déclaré de fausses identités ; elles n'avaient pas de papiers sur elles ; elles font partie des personnes qui n'ont pas fait l'objet de procédures ultérieures. Au demeurant, d'après ce que j'ai vu, il n'y avait pas beaucoup de choses à leur reprocher, me semble-t-il, mais c'est à l'autorité judiciaire d'en juger. Ces personnes, qui n'ont jamais porté plainte, disent maintenant qu'elles vont se manifester. Je fais confiance à l'autorité judiciaire pour mener les investigations. Il faut d'abord savoir qui sont ces personnes. Pour ma part, je ne le sais pas. Il faut ensuite déterminer ce qui leur est imputable ou pas. À mon avis, pas grand-chose. Surtout, il faut déterminer ce qui est imputable à M. Benalla ou à d'autres. Les investigations le montreront.