À la veille de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, des voix montent dans les hôpitaux pour dire : « Nous ne sommes plus en capacité d'assumer humainement nos missions. » Ce constat est partagé par l'ensemble de la chaîne hospitalière. L'hôpital est en souffrance. Le récent reportage d'Envoyé spécial a montré l'accablant quotidien des hospitaliers : le management par les coûts prend le dessus sur le devoir de soin.
Cette culture fait mal au service public. Elle prend en otage les personnels poussés à la schizophrénie entre leur éthique professionnelle et ce que les agences régionales de santé – ARS – leur imposent : compter, économiser, alléger. J'aurais pu vous parler de la tarification à l'activité et des innovations des « tueurs de coûts », mais il aurait fallu passer sous silence les réalités humaines.
Quand le Président de la République affirme qu'il veut amputer de 15 milliards d'euros les dépenses de l'assurance maladie, je vous mets en garde. L'hôpital vit une crise sociale et morale du fait de son impuissance face à la crise sanitaire qui existe dans un grand nombre de nos territoires. Les hospitaliers sont à bout.
Faites le tour des hôpitaux sans le filtre des visites organisées. Venez visiter avec moi les urgences d'Eu, avec Hubert Wulfranc le centre hospitalier universitaire de Rouen ou avec Elsa Faucillon l'hôpital Bichat-Beaujon !