Intervention de Alain Gibelin

Réunion du jeudi 26 juillet 2018 à 14h05
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Alain Gibelin, directeur de l'ordre public et de la circulation à la préfecture de police de Paris :

Madame la présidente, je vais vous répondre très précisément, de manière très humaine et terre à terre. La première personne qui m'a alerté sur l'effet tunnel que j'avais eu et qui me connaît très bien est Mme Françoise Hardy, sous-directrice régionale de la circulation, ici présente. En sortant de la salle, elle m'a demandé : « Tu n'as pas fait une erreur ? As-tu bien compris la question que l'on t'a posée ? ».

J'étais toujours dans l'effet tunnel, et je n'ai pas compris. Madame la présidente, je suis plus un homme d'épée qu'un homme de robe. Être convoqué quelques heures à l'avance pour comparaître devant une commission d'enquête parlementaire, pour un pur opérationnel comme moi, ce n'est pas une partie de plaisir, et c'est quand même très impressionnant ! Je ne souhaite à personne d'avoir à se trouver dans cette situation.

Toujours dans ma logique, j'ai répondu à Mme Hardy : « Où est le problème ? ». L'autre collaborateur qui était à mes côtés m'a demandé, une fois à la préfecture : « Il y a quand même cette question… l'as-tu bien comprise ? », ce à quoi j'ai répondu que je ne voyais pas le problème. À mon domicile, mon épouse, remarquant mon état de fatigue extrême – l'audition, avec son côté émotionnel et passionnel, avait été longue et tardive – m'a conseillé d'aller me coucher.

Toujours sous le coup de l'émotion, j'ai décidé d'aller voir sur internet si l'on parlait de cette audition, et ce que l'on en disait. L'un des premiers titres que j'ai aperçus était : « Les déclarations du directeur Gibelin fragilisent la version de l'Élysée ». Très étonné, je lis l'article, mais je ne vois toujours pas le problème. Il a fallu que je visionne la vidéo jointe à l'article, où Mme la députée Marine Le Pen me posait précisément la question, pour me rendre compte, entendant distinctement la date du 18 mai, de mon erreur.

J'ai alors réalisé quelles pouvaient être les conséquences de ce témoignage. Encore une fois, mesdames et messieurs les députés, je vous demande de me croire : ce témoignage a été fait en toute sincérité, mais la pression a provoqué chez moi un effet tunnel.

J'ai essayé de joindre le numéro indiqué sur la convocation et j'ai été tenté de contacter vos services, mais en pleine nuit, personne ne m'a répondu. Dans l'urgence, j'ai rédigé ce courrier. Je n'en renie pas une ligne. Je n'excuse pas ce qui s'est passé. J'essaie simplement de vous l'expliquer de la manière la plus sincère et la plus honnête possible.

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