Monsieur le directeur, je commencerai par noter que l'existence de cette réunion de travail en forme de déjeuner est désormais un fait qui semble établi, puisque c'est vous qui l'avez révélé lors de votre audition du lundi 23 juillet. Vous aviez alors déclaré – je cite le compte rendu : « M. Alexandre Benalla avait demandé, une quinzaine de jours plus tôt lors d'une réunion à l'Élysée, s'il lui était possible d'assister à une manifestation. Il lui avait été rappelé très clairement – je le sais car c'est moi qui le lui ai rappelé – la règle à suivre, à savoir qu'il devait évidemment obtenir, j'imagine, une autorisation de sa hiérarchie – pour moi ce n'est pas le sujet – mais surtout une autorisation formelle du préfet de police qui me serait redescendue ».
Lors de son audition, le général Bio-Farina a lui aussi évoqué cette réunion, confirmant l'information que vous aviez donné sur son existence. Je note au demeurant que, dans son entretien au journal Le Monde de cet après-midi, M. Benalla répond, à une question qui lui est posée à votre sujet : « On a déjeuné quelques jours avant, avec le général Bio-Farina au 2, rue de l'Élysée. C'était une réunion de travail à propos des policiers qui font la sécurité autour du palais. À la fin de ce déjeuner, il m'a demandé si je venais toujours le 1er mai et si j'avais reçu l'équipement que je devais recevoir ».
Je n'ai pas de question particulière à poser, mais je constate que nous sommes en présence de trois degrés d'information de nature différente. Premièrement, les déclarations d'un haut fonctionnaire de la police nationale, le directeur Alain Gibelin, ici présent, faites sous serment – celles de lundi et celles d'aujourd'hui ; deuxièmement, les déclarations sous serment du général de brigade Bio-Farina ; troisièmement, une interview au journal Le Monde de M. Benalla. Ces trois déclarations convergent sur un point : il y a bien eu une réunion, sous forme d'un déjeuner ; mais elles divergent sur le contenu de cette réunion. C'est la raison pour laquelle, madame la présidente co-rapporteure, il me paraît indispensable, ainsi que je le demande depuis vendredi dernier, que M. Benalla fasse l'objet d'une convocation formelle devant notre commission d'enquête, afin qu'il puisse s'exprimer sous serment sur les faits.