Monsieur le député, nous avons eu l'année dernière, à peu près à la même époque, une discussion autour des décrets d'avance que j'ai portés, à la demande du Président de la République et du Premier ministre, pour tenir les comptes publics. La Cour des comptes avait constaté un déficit de 3,4 %, indépendamment des économies qu'une partie d'entre vous avait d'ailleurs désapprouvées – ce qui n'a pas été votre cas, monsieur le député.
Nous avons connu, à la fin de l'année dernière, une accélération très forte de la croissance, qui a entraîné une accélération très forte des recettes. Ces économies et ces recettes enregistrées au cours du dernier trimestre de 2017 nous ont permis de ramener le déficit à 2,6 % : c'était la première fois, depuis dix ans, qu'il passait en dessous de 3 %.
Vous savez comme moi, monsieur le député, car vous avez plus d'expérience que moi en ce domaine, qu'il faut attendre la fin du mois d'août, voire le début du mois de septembre, pour être assuré d'un changement de taux de croissance. Si cette baisse du taux de croissance était avérée, celui-ci, en tout cas, ne serait pas inférieur à 1,8 %.
Dans le projet de loi de finances de l'année dernière, nous avons nous-même retenu, comme Éric Woerth et vous-même nous y aviez d'ailleurs encouragés, une hypothèse de croissance très basse, à 1,7 %. La cible que Bruno Le Maire et moi-même avons définie dans le cadre de la construction budgétaire est donc tout à fait atteignable.
C'est tellement vrai, monsieur le député, que les taux d'intérêts, dont vous prévoyez l'augmentation en fin d'année et l'année prochaine, sont pour l'instant inférieurs à ce que nous avions prévu dans notre budget. D'ailleurs, nous avons même une petite marge budgétaire, qui est due au fait que Bruno Le Maire et moi-même avions construit notre budget sur des bases volontairement pessimistes.
Vous me posez la question de la dépense. Nous avons un déficit à 2,6 % et nous ne changerons pas notre objectif, qui est d'atteindre 2,3 % l'année prochaine, et nous devrons trouver 20 milliards supplémentaires, puisque nous transformons le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi – CICE – en allègements de charges. Cela veut bien dire que, indépendamment de la croissance, c'est par la baisse de la dépense publique que nous tiendrons nos objectifs en matière de comptes publics.