Face à ce constat insupportable, auquel il me semble que nous sommes tous sensibles ici, nous avons la responsabilité d'apporter des réponses, d'inventer des solutions nouvelles, plus adaptées au monde d'aujourd'hui. C'est le sens de votre combat, madame la ministre, et je vous remercie d'y avoir mis tant de conviction et d'énergie. Avec mes collègues rapporteurs, dont je tiens à saluer ici le travail et l'engagement – Aurélien Taché pour le titre II et Nathalie Elimas pour le titre III – , nous avons continuellement cherché à être les garants de cette ligne et de cette ambition.
La version du projet de loi sur laquelle nous sommes amenés à nous prononcer est celle qui résulte de nos travaux en deuxième lecture. En effet, le Sénat n'a pas souhaité le réexaminer, ce qui traduit la persistance d'un désaccord profond entre les deux chambres. Le texte respecte donc les grands équilibres formés par notre assemblée en première lecture et qu'elle a rétablis en deuxième lecture. En définitive, notre travail s'est concrétisé par deux mois de débats, 3 762 amendements examinés, dont 526 adoptés en première lecture, et 852 amendements présentés, dont 297 acceptés en nouvelle lecture. Il est le fruit d'un engagement de chacun. C'est pourquoi, chers collègues, je vous remercie tous pour votre contribution.
Deux lignes directrices ont présidé à l'examen du texte. La première a été de sortir des logiques de statuts, qui ne correspondent plus aux réalités des trajectoires professionnelles actuelles, et sont souvent sources d'obstacles et d'injustices dans la réalisation d'un projet professionnel. Cela nous a conduits à attacher encore plus directement le droit à la formation aux individus plutôt qu'aux postes, à ouvrir le droit au chômage aux indépendants et aux démissionnaires portant un projet de reconversion, mais aussi à faciliter les passerelles entre la fonction publique et le secteur privé, gage de plus de souplesse et de diversité au travail.
La seconde a été de passer d'une logique de moyens à une logique de résultat. Ainsi, l'égalité salariale entre les femmes et les hommes ne devra plus être un principe, mais une réalité. De même, le financement des centres de formation d'apprentis – CFA – dépendra notamment de leur propension à répondre à la fois aux attentes et aux besoins des jeunes et des entreprises. Plus largement, l'obligation de résultat en matière d'accès au droit impose que l'on renforce les droits des plus vulnérables, avec plus de moyens et plus d'accompagnement pour les moins qualifiés, les personnes en situation de handicap ou les travailleurs à temps partiel. Le bonus-malus procède également de cette logique et a pour but de limiter le recours aux contrats précaires.
Ce soir, dernier jour de notre première année de législature, notre ambition de donner un nouveau souffle au monde professionnel se concrétise avec ce vote. À la rénovation des relations individuelles et collectives du travail, via les ordonnances relatives au renforcement du dialogue social, que nous avons votées il y a un an jour pour jour, succède ainsi la sécurisation tant attendue des parcours professionnels. Bien entendu, nous sommes conscients d'être encore au milieu du gué, et le temps du déploiement des nouveaux outils, de leur appropriation, puis de leur évaluation sera tout aussi important que le temps législatif. Mes chers collègues, restons mobilisés tout au long du mandat pour réussir cette modernisation du monde professionnel.