En réalité, cette loi qui prétend être une loi d'équilibre ne réglera rien et aggravera tout. Vous entendez dissocier les bons réfugiés, qui seraient admissibles au droit d'asile, des mauvais migrants, qui ne le seraient pas. Pour les premiers, vous allez tout compliquer, si ce n'est pire, entre les délais de recours raccourcis, la télé-audience, la facilité accrue d'envoyer les personnes « dublinées » dans des centres de rétention, alors même qu'elles ont été « dublinées » sur des critères qui n'ont aucun rapport avec ceux de l'OFPRA, par exemple pour une photo d'identité et une empreinte digitale prises dans un autre pays. Vous allez aussi compliquer leur admission en les refoulant de manière plus expéditive aux frontières. Vous voulez durcir la loi et les conditions d'accueil pour éviter que les migrants ne viennent. Mais quand des gens risquent leur vie sur la Méditerranée ou sur des cols alpins enneigés, pensez-vous réellement que c'est l'augmentation du nombre de jours en centre de rétention qui va les dissuader de venir ?
Tant que nous n'aurons pas réglé la cause des migrations contraintes, nous devrons assumer une part plus importante des conséquences. Il n'y a pas d'autre politique juste, efficace et équilibrée que celle-là. Or votre projet de loi s'en éloigne à tous niveaux. Il nous faudrait, au contraire, créer un nouveau statut de détresse humanitaire pour les questions climatiques et économiques. Il nous faudrait régulariser ceux qui travaillent et ceux qui étudient en France. Au lieu de cela, vous allez semer le chaos, le désordre et la marginalité.