Intervention de François Eyraud

Réunion du mardi 17 juillet 2018 à 10h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

François Eyraud, directeur général de Danone France :

Cette discussion était au coeur de l'atelier 5, que j'ai animé aux Etats généraux de l'alimentation.

L'important, pour nous, est de créer de la valeur pour le bénéfice du consommateur en termes de plaisir nutritionnel, de profil d'alimentation, etc. Et l'ensemble des parties prenantes du système doit y trouver son compte. Mais le premier concerné est le consommateur, car s'il ne prend pas de plaisir, le produit ne se vendra pas et toute la chaine en amont sera perdante.

Une grande partie de la production, dans la filière laitière, par exemple – même si cela ne nous concerne pas puisque nous sommes centrés sur le marché français – est exportée ; 40 % de la production laitière française part à l'export. Le lait doit donc être compétitif à l'égard des autres alternatives d'achat – néozélandaises, par exemple.

Nous devons donc traiter les problématiques, à la fois françaises et internationales. Ce qui veut dire que l'équation d'offres de nos produits laitiers doit aussi correspondre à une réalité du marché international pour une grande part.

S'agissant du marché national, une partie des produits de la filière laitière est transformée et commercialisée dans la grande distribution, mais une autre partie est achetée par les collectivités pour approvisionner les cantines et la restauration collective. Or ce sont en général les produits les moins chers qui remportent leurs appels d'offres. C'est la raison pour laquelle, il leur a été recommandé d'acheter des produits bio, des produits locaux, etc. Car là aussi, faire le choix du produit le moins cher fait pression sur l'amont.

La filière Danone est distribuée en grande distribution. Oui, il y a une pression énorme concernant les prix, le consommateur cherchant la meilleure offre et les distributeurs, qui sont en compétition, affichant les prix les plus bas.

Maintenant, il nous revient de les convaincre de la valeur de nos produits. Et la publicité est un moyen d'expliquer au consommateur la valeur que nous leur offrons dans nos produits.

Je suis convaincu qu'il faut, d'abord, offrir au consommateur un bon produit, et ensuite instaurer une bonne collaboration entre les différents intervenants de la filière pour que chacun y trouve son compte. D'aucuns prétendent que nous avons des intérêts divergents. Non, si nous ne valorisons pas le lait en fabriquant de bons yaourts, par exemple, les distributeurs n'auront pas grand-chose de positif à vendre à leurs clients.

Aujourd'hui, nous constatons que l'innovation de nouveaux produits, de nouvelles textures, de nouvelles saveurs, est importante. Les entreprises investissent dans la recherche-développement pour offrir des produits différenciés de qualité.

Le modèle dans lequel nous sommes est à bout de souffle. Et la peur du consommateur quant à une mauvaise alimentation ne fait que tirer les choses vers le bas. C'est la raison pour laquelle je suis convaincu qu'il convient d'abord de redonner confiance au consommateur en lui offrant des produits de qualité. Ce n'est pas parce qu'ils sont transformés qu'ils sont mauvais, ce n'est pas parce qu'ils sont produits en grande quantité qu'ils sont mauvais.

Le prix du lait bio est incommensurablement plus élevé que le prix du lait conventionnel. La montée en gamme, la valorisation, la valeur ajoutée que nous pouvons mettre dans un produit ne peut que convenir à l'ensemble des parties prenantes de la chaîne. Par ailleurs, le consommateur est disposé à payer plus cher pour un meilleur produit – du moins les consommateurs qui en ont les moyens.

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