Nous avions demandé sa création dès le 3 mai, et Boris Vallaud a trouvé la solution administrative et juridique pour qu'elle puisse se tenir. C'est donc à contrecoeur que le pouvoir, pris dans la tourmente de cette affaire, a concédé cette commission d'enquête et vous a demandé de jouer ce mauvais rôle qui ne vous va pas.
Le sentiment des Français à l'égard d'En Marche est désormais d'autant plus dur que vous aviez construit votre projet, votre dynamique électorale et votre victoire sur l'exigence de transparence et de vertu. On s'aperçoit aujourd'hui qu'il n'y a ni transparence ni démarche vertueuse. Dès lors qu'il est porté atteinte à l'image du Président de la République, vous êtes prêts à tout, y compris à refuser la transparence qui constitue pourtant désormais une exigence partagée par tous les Français.
Ce sentiment de raté et d'inachevé est partagé. Il n'est pas vain de noter que le nom de Benalla a suscité, hélas, plus de connexions sur internet que « Je suis Charlie » lors des attentats de janvier 2015. Je me trouvais en fin de semaine dans le plus beau département de France – c'est-à-dire le mien – et j'y ai constaté au fil des sollicitations des habitants, qui ne sont pas un cas isolé, combien ils aspiraient à la vérité tout en portant un jugement extrêmement sévère sur celles et ceux qui assument aujourd'hui le pouvoir.
Vous sortirez donc de cet épisode seuls. Seuls face au Sénat, face à l'opinion publique, face à la justice, face à la presse. Vous en sortirez seuls mais nous continuerons d'accomplir notre devoir d'interpellation, non plus dans le cadre de la commission d'enquête mais dans l'opinion publique et sur nos territoires.
J'ai rencontré M. Boudié hier avec M. Ferrand, que j'aime beaucoup par ailleurs mais qui est excessif. Il était excessif hier quand, à la gauche du parti socialiste, il nous reprochait notre positionnement social-démocrate, et il est excessif aujourd'hui alors qu'il dirige En Marche. Il en va de même pour M. Boudié : il était excessif hier et l'est encore aujourd'hui.