Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 12 juillet 2018 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, député, premier vice-président de l'Office, rapporteur :

La question du territoire est importante. J'insiste sur la question écologique. Pour l'instant, pour des raisons économiques, sur des milliers de kilomètres, rien ne « bat » l'avion. Mais cela est lié au fait que le prix du carburant fossile est honteusement bas, du moins bien sûr en termes d'impact écologique. Mais si on évolue vers un marché carbone différent, ou si les États considèrent la réduction des émissions de carbone comme un objectif prioritaire, le THV deviendrait compétitif même sur de très longues distances. Certes ce n'est pas la tendance actuelle aux États-Unis d'Amérique. Mais il s'agit de problèmes globaux. La façon dont les régulateurs gèreront ce problème au niveau mondial aura aussi un impact sur le choix du mode de transport sur le territoire européen, avion versus THV. Sur la question de la cohérence, les développements ont été rapides et il y a eu confusion au démarrage. Le Livre blanc d'Elon Musk date de 2013 et nous sommes en 2018. Tout cela s'est fait très rapidement dans un contexte de force de conviction. La SNCF n'a pas eu le temps de faire une analyse détaillée stratégique, économique, technologique : les discussions ont tout simplement eu lieu plus tôt avec VH1. Le fait d'investir dans un seul projet industriel permet à la SNCF de rester en phase avec le développement. Il serait également légitime qu'il y ait aussi un investissement d'origine française, pas nécessairement par la SNCF, sur les deux autres projets. Comment se positionnent les constructeurs ? Nous avons interrogé Alstom et avons bien vu qu'ils ne sont pas pressés de s'y impliquer. Ils considèrent que leur rôle est de travailler à l'amélioration et au perfectionnement des LGV, pour lesquelles existent des pistes assez importantes. Ils estiment qu'entre la promesse de vitesse initiale du THV, qui est en train de diminuer petit à petit, et les progrès qu'on peut faire sur les LGV, on arrivera à un point où l'avantage de l'un sur l'autre sera de moins en moins clair. La phase actuelle est suffisamment incertaine pour qu'il n'y ait pas de politique, de stratégie cohérente décidée, que ce soit au niveau de l'État, des entreprises françaises ou de l'Union européenne.

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