Intervention de Emmanuel Jessua

Réunion du mercredi 11 juillet 2018 à 11h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises

Emmanuel Jessua, directeur des études de Coe-Rexecode :

Je commencerai par dissiper un malentendu. Jamais je n'ai affirmé que les seuils sociaux n'avaient aucun impact sur l'emploi. Quand l'INSEE évalue que 22 000 entreprises embaucheraient davantage en l'absence de ces seuils et que 100 000 emplois pourraient être créés, ce n'est en rien négligeable. Toutefois, je le répète, cela ne susciterait pas un choc macroéconomique d'ampleur.

Le sujet de l'innovation et de la recherche sur laquelle vous m'interrogez, monsieur Zulesi, est lié à celui de la croissance des entreprises. L'on dit souvent que les entreprises françaises peinent à grandir. Il s'agit d'un problème plus général, qui touche l'Europe dans son ensemble en comparaison avec les États-Unis, la Corée du Sud ou encore la Chine. Nous accusons un retard en termes d'innovation, et le progrès technique – notamment la numérisation – contribue moins à la croissance des entreprises européennes.

Les entreprises les plus innovantes et les plus engagées dans la transformation numérique sont souvent d'une certaine taille et assez performantes. À l'inverse, les PME sont plus à la traîne, en France comme en Europe. Il importe donc d'irriguer un tissu plus large de petites entreprises par de l'innovation et du numérique. Le levier des seuils peut jouer un rôle à cet égard, tout comme celui du financement et de l'accès des petites structures au capital. Pour les PME, le financement doit plutôt intervenir en haut de bilan et en fonds propres. Ceci pose la question de l'unification du marché des capitaux à l'échelle européenne et du développement du capital-risque.

Monsieur Zulesi, vous mentionniez enfin la difficulté qu'éprouvent nos entreprises à passer de la recherche fondamentale à la commercialisation d'innovations viables. C'est là un trait culturel français : les centres de recherche fondamentale, les universités et les entreprises peinent encore à collaborer. Contrairement à leurs homologues aux États-Unis, en Chine ou au Japon, les grandes entreprises françaises pratiquent très peu la recherche fondamentale. Facebook est au contraire à la pointe dans ce domaine, et plus particulièrement dans l'intelligence artificielle.

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