Comme vous, je pense que l'outillage va être délicat à mettre en place, mais il faut le faire. Il faut s'attaquer au problème parce qu'aujourd'hui, nous y sommes ! Nous sommes face au problème. Pour Arthur Kermalvezen, que je me permets de citer puisqu'il a fait connaître son histoire, cela se passe bien. Ce ne sera pas toujours le cas, sauf merveilleux hasard de la vie.
Ce sera le moment de vérité puisque, pour l'instant, nous nous appuyons tous sur les travaux de Mme Théry, qui est sûrement notre plus grande sociologue en la matière : engendrement, filiation, comment l'enfant va-t-il le vivre ? Cela va être le moment de vérité, mais il faut l'affronter. Nous y sommes de toute façon : les personnes conçues par don de gamètes sont actuellement en train de découvrir leurs géniteurs. Soit on les aide, on crée du lien et on leur apporte tout ce que peut apporter la loi, dont le droit à la protection pouvant même aller jusqu'à la protection psychologique, soit on laisse les choses se faire seules, et nous connaîtrons des drames. Je ne souhaite pas une seconde jouer l'oiseau de mauvais augure, mais il en ira ainsi.
Nous y sommes, et je suis d'accord avec vous, ce sera délicat.
Je parlais d'un arsenal, car imaginez un enfant qui veuille absolument, une fois qu'il a rencontré son donneur et qu'il connaît son identité, prendre une place dans la famille : cela signifierait que quelque chose n'est pas tout à fait juste dans la distinction que l'on a pensée entre engendrement et filiation. Dès lors, ce sont effectivement les règles relatives à la vie privée qui vont protéger le donneur, en espérant ne pas en arriver à cela. C'est tout l'intérêt et toute l'importance d'un organisme spécialisé, avec des personnes formées pour établir le lien.