Madame la commissaire, vous l'avez dit, l'Union européenne est actuellement sous le feu des critiques. Elle suscite de la défiance partout en Europe, parce qu'elle n'est pas assez protectrice ni assez démocratique, parce qu'elle est parfois jugée autoritaire et que son fonctionnement paraît opaque à nos concitoyens. Le CETA et l'accord avec le MERCOSUR en sont l'illustration. Ces accords vont en effet permettre l'arrivée sur le territoire de l'Union européenne de plusieurs centaines de milliers de tonnes de viande bovine en provenance du Canada et du Brésil, des pays où l'élevage se fait dans des conditions très différentes des nôtres puisque les feed lots peuvent contenir plusieurs dizaines de milliers de bêtes nourries de maïs génétiquement modifié, de farines animales et d'antibiotiques qui tiennent lieu d'hormones de croissance. Et je ne parle pas de la traçabilité, qui obéit à des règles bien différentes des nôtres.
Nos agriculteurs n'ont pas peur de la concurrence. Ils refusent simplement une concurrence inéquitable, qui se fait à leur détriment car ils n'ont pas la possibilité de produire dans les mêmes conditions que les autres éleveurs, notamment ceux d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud. Ce combat n'a pas seulement pour but de défendre une filière : il y va de la philosophie même de notre économie et de nos échanges. Nous savons que certaines filières pourront exporter davantage, notamment celles des fromages et des vins et spiritueux. Mais en quoi ces accords garantissent-ils l'équité et la réciprocité, notamment pour nos éleveurs ? Qu'en est-il de l'association des peuples et des États, que le président de la commission des affaires économiques a appelée de ses voeux ? Existe-t-il une seule étude d'impact sur les conséquences sanitaires, pour le consommateur français et européen, de l'arrivée sur le marché de près de 200 000 tonnes de boeuf issu des pays américains ? Comment accepter les règles du commerce mondial si l'Union européenne ne joue pas son rôle et ne nous prémunit pas contre les blocages et les dysfonctionnements de l'OMC ?
Il ne faut pas s'abriter derrière des caricatures et des accusations de protectionnisme, d'europhobie ou de populisme. Il faut respecter le travail d'hommes et de femmes qui, parce qu'ils donnent chaque jour le meilleur d'eux-mêmes pour créer des produits de qualité dans une conjoncture difficile, méritent que l'Union européenne leur garantisse la justice et l'équité qu'elle doit à nos peuples et à nos économies, dans un monde multipolaire et hétérogène. Le groupe Les Républicains attend que vous lui apportiez des réponses précises et factuelles.