L'armée empêche les 70 000 Rohingyas qui restent dans le nord de la Birmanie, où ils meurent de faim – ne pouvant sortir de leurs villages, ils ne peuvent cultiver leurs champs –, de partir. Ils le souhaitent, mais les militaires et les policiers bloquent les plages pour les en empêcher. Nous n'avons pas beaucoup d'informations sur les 150 000 Rohingyas qui vivent un peu plus au sud, sinon qu'ils se terrent dans leurs villages mais qu'ils peuvent apparemment accéder à leurs champs et donc vivre. Quant à ceux qui sont dans les camps de déplacés internes, ils doivent être assez désespérés ; certains sont des villageois, mais d'autres étaient des citadins, et je vois mal quel sera leur avenir. On a commencé à voir, de nouveau, des bateaux chargés de réfugiés rohingyas mais peu, car les autorités birmanes bloquent les départs pour ne pas donner prise à l'accusation de nettoyage ethnique.
Il est compliqué d'apprécier précisément les événements qui se sont déroulés le 25 août 2017. Effectivement, lorsque les attaques de l'ARSA ont été lancées, qui ont duré trois jours, des militaires de deux bataillons d'infanterie légère étaient présents ; ils avaient été amenés de l'Est de la Birmanie. Il est donc facile de dire que tout cela est une construction de l'armée,Mais il peut aussi y avoir une explication plus simple : c'est que, au cours du mois de juillet, l'armée a découvert dans la chaîne de montagnes qui traverse l'État Rakhine des camps d'entraînement et des caches d'armes et de nourriture. L'armée s'est rendu compte de la présence persistante de groupes armés qu'elle pensait avoir éliminés, et des troupes ont alors été amenées. On peut penser que ces groupes armés, voyant que des troupes arrivaient, ont décidé de déclencher une attaque avant qu'il ne soit trop tard. Ce que je puis vous dire, c'est que les combats ont été des combats réels ; des Français qui travaillaient là-bas pour une ONG en ont témoigné, terrifiés.