Aung San Suu Kyi est à la tête du gouvernement, mais elle y est la seule femme. La question ne l'intéressait pas quand elle a formé cet exécutif. La rumeur court qu'un remaniement aurait lieu prochainement et qu'en en ce cas le ministre de l'éducation pourrait être une femme. Épouse de l'ancien président de la République qui a démissionné il y a deux mois, et donc alliée politique d'Aung San Suu Kyi depuis toujours, c'est une ancienne universitaire brillantissime, spécialisée dans les questions d'éducation. Entre le moment où le Parlement issu des élections de novembre 2015 s'est mis en place et celui où son mari a été élu président de la République, elle a présidé la commission de l'éducation de la Chambre basse du Parlement, puis elle a quitté cette fonction tout en restant députée. Sa nomination, qui est pour l'instant une conjecture, serait une très bonne chose.
Les femmes, en Birmanie, ont un assez bon niveau d'éducation. Comme tous les Birmans, elles savent lire, écrire et compter. Elles sont nombreuses à exercer des fonctions d'autorité dans l'administration, jusqu'au poste de directeur général – je n'ai pas rencontré de secrétaires générales, mais les femmes qui occupent des postes de la haute fonction publique prennent vraiment des décisions. On les trouve aussi dans les milieux économiques : à la base, puisque là comme partout ailleurs des femmes font vivre leur famille, mais il y a aussi des héritières de grandes fortunes. En revanche, la Birmanie n'est pas exempte de problèmes de violences familiales, question qui n'est pas regardée en face. Et puis la Birmanie est un pays en guerre, et dans les conflits les femmes sont toujours des victimes particulières étant donné le risque de viol. Dans les camps de réfugiés au nord-est de la Birmanie, on compte une majorité de femmes – soit que les hommes font la guerre à l'armée birmane soit qu'ils sont morts – qui doivent assumer seules les enfants et des conditions de vie éprouvantes. Leur situation est donc contrastée.
La croissance économique est de l'ordre de 7 %. Le grand réformateur de la Birmanie a été Thein Sein, président de la République de 2011 à 2016. Ancien militaire et premier ministre de la junte, il est devenu chef de l'État après l'entrée en vigueur de la Constitution de 2008, avec un parti qui était partiellement constitué d'anciens militaires retraités. Il a transformé la Birmanie. Il y a cinq ans, on n'y trouvait pas un seul téléphone portable ; maintenant, tout le monde en a. Il n'y avait pas d'investisseurs étrangers ou très peu ; il y en a maintenant énormément. Il n'y avait pas de centres commerciaux et peu d'autres restaurants que les bouis-bouis locaux ; il y en a maintenant partout à Rangoun. Pour qu'il y ait un Mandela, il faut un De Klerk… Mais il y aurait besoin maintenant d'un nouveau train de réformes, qui ne vient pas.