Effectivement, Aung San Suu Kyi, qui aura 73 ans le 19 juin prochain, ne prépare pas sa succession, ni au sein du parti ni au sein du gouvernement. Le pouvoir exécutif est tenu par le président de la République, lui-même élu par le Parlement. Le conseiller juridique d'Aung San Suu Kyi avait trouvé une astuce constitutionnelle permettant au président de la République de déléguer son autorité, ce qui a été fait en faveur d'Aung San Suu Kyi. Cet article était probablement destiné à permettre à l'armée d'éviter de recourir à un coup d'État en cas de besoin, en se limitant à faire une aimable pression sur le président de la République pour qu'il délègue son pouvoir. Le constitutionnaliste d'Aung San Suu Kyi a fait créer pour elle un poste sur mesure de « conseillère pour l'État » dont l'énoncé même montre le caractère particulier, mais ce poste a été créé intuitu personae, pour le temps de cette législature. On ne sait si la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi remportera les prochaines élections, car il peut être le premier parti politique de Birmanie et ne pas avoir la majorité au Parlement. Il faut une victoire écrasante dans les urnes, comme cela fut le cas en novembre 2015, pour que la LND obtienne la majorité absolue dans les deux Chambres du fait de la présence de 25% de députés militaires désignés. Si elle ne l'a pas, une coalition de tous les autres partis avec les militaires pourrait la mettre en minorité.
Je n'ai plus en mémoire le budget de l'armée, mais il n'est pas considérable, parce que l'armée vit pour beaucoup d'entreprises qu'elle contrôle et de trafics dans les zones de guerre du nord de la Birmanie, qui sont des zones extrêmement riches en jade et pierres précieuses. C'est une des raisons de la guerre permanente : de cette économie de guerre, tout le monde profite, militaires comme groupes ethniques armés. Il n'y a aucune raison d'arrêter.