Intervention de Olivier Richard

Réunion du mercredi 16 mai 2018 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Olivier Richard, ambassadeur de France en Birmanie :

Pourquoi les militaires feraient-ils un coup d'État alors que la situation actuelle est idéale pour eux ? Ils font ce qu'ils veulent et le gouvernement civil assume la responsabilité. Si le gouvernement civil entre en confrontation avec eux, ils n'ont pas besoin de faire un coup d'État : il leur suffit de dire aux extrémistes bouddhistes et nationalistes de mettre la Birmanie à feu et à sang. Alors, comme en 2012, ils attaqueront des mosquées et des écoles musulmanes, il y aura des morts, l'armée sera obligée d'intervenir et demandera l'instauration de l'état d'urgence sans qu'il soit besoin de changer la Constitution.

Le gouvernement civil est en permanence contraint d'avoir l'accord de l'armée ; je vous donnerai un exemple de la situation dans laquelle il se trouve. L'article 66 du code des communications permet d'envoyer n'importe qui en prison pendant trois ans pour « diffamation ». Il était question de supprimer cet article, d'autres textes moins sévères répondant à la même préoccupation, et la LND, ayant la majorité absolue au Parlement, pouvait le faire, mais l'armée a indiqué qu'il n'en était pas question. Il en est résulté que l'article n'a pas été supprimé, mais seulement modifié de sorte que les individus accusés sur le fondement de cet article puissent bénéficier d'une libération sous caution. La dyarchie a pour effet que, bien qu'il détienne la majorité, le gouvernement civil n'ose pas aller contre ce que l'armée présente comme une ligne rouge. Dans ce contexte, pourquoi les militaires feraient-ils un coup d'État ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.