Monsieur le ministre, je commencerai par dire que le groupe de la Gauche démocrate et républicaine est tout à fait d'accord avec les positions exprimées par Clémentine Autain au sujet de l'immigration et du JEFTA.
Je vais compléter l'intervention de ma collègue en concentrant mon propos sur le sort des Français détenus à l'étranger. Nous souhaitons avoir des nouvelles de Salah Hamouri, détenu en Israël, et savoir ce que fait la diplomatie française pour obtenir sa libération ; nous formulons la même demande pour Laurent Fortin, incarcéré en Chine, pour Claude Mangin, qui attend depuis deux ans que les autorités marocaines lui permettent de rencontrer son mari Naâma Asfari, et pour Sophie Pétronin, enlevée au Mali par un groupe armé et actuellement considérée comme la seule otage française à l'étranger. Peut-être la diplomatie française travaille-t-elle dans l'ombre, et je comprendrais que vous ne puissiez pas nous dire grand-chose dans le cadre d'une séance publique, mais pouvez-vous au moins nous donner quelques nouvelles au sujet de ces personnes ?
Nous souhaitons également connaître votre position sur ce qui se passe en Turquie depuis la réélection du président Erdoğan, notamment l'emprisonnement de milliers de personnes – des professeurs d'universités conventionnées avec la France, des élus, des députés, turcs ou kurdes.
Le cas de la procureure roumaine Kövesi, que vous avez évoqué, et celui de Salah Hamouri, présentent une particularité identique, celle de concerner un État ayant une actualité culturelle en lien avec la France, puisque la saison France-Israël, qui a commencé le mois dernier, prendra fin en décembre pour laisser la place à la saison France-Roumanie, ce qui implique des relations plus étroites que d'habitude entre la France et ces pays : cela ne donne-t-il pas lieu à une activité diplomatique plus intense, qui permettrait de régler ces dossiers plus facilement ?
Nous avons beaucoup parlé de l'Europe, ce qui est une bonne chose. Cela dit, je m'étonne que l'on persiste à évoquer une armée européenne intégrée plutôt qu'une coopération entre les armées des États, et que l'on cherche constamment à favoriser l'intégration fiscale, censée sauver l'euro. Quand l'occasion leur sera donnée de s'exprimer, les peuples d'Europe risquent de vous répondre « souveraineté des États » et « Europe des États » car, depuis le début, c'est ce qu'ils souhaitent, espérant que les frontières puissent être franchies par les citoyens européens – mais on a préféré faire l'Europe du business ; depuis le début, ils espèrent que l'Europe pourra améliorer la situation des États, mais en laissant à chacun d'eux le pouvoir souverain de décider ce qui est bon pour son peuple ; depuis le début, ils aspirent à une solidarité s'exerçant de manière intelligente entre les États européens, voire avec les pays d'Afrique – mais on leur répond en leur imposant une Europe d'intégration et en leur déniant le droit à la parole. Il faut que vous entendiez ces mots, monsieur le ministre, car, en continuant de se comporter comme nous le faisons actuellement, nous nous exposons au pire dans les années qui viennent.
Pour conclure, je veux évoquer l'arme nucléaire, un sujet sur lequel j'ai rédigé un rapport avec notre collègue Michel Fanget, dans le cadre d'une mission d'information de la commission des affaires étrangères. J'aimerais savoir s'il entre dans vos attributions, monsieur le ministre, d'oeuvrer diplomatiquement sur les questions du désarmement, au-delà de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Plus largement, la France compte-t-elle prendre position pour que le volet « désarmement » du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) soit abordé avec plus de rigueur, afin de répondre à l'attente des 122 pays qui ont signé le traité d'interdiction de l'arme nucléaire ?