Intervention de Delphine O

Réunion du mardi 17 juillet 2018 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine O :

Monsieur le ministre, je souhaite vous interroger sur la situation en Hongrie que vous avez brièvement évoquée dans votre propos liminaire. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, tient le pays d'une main de fer depuis 2010. Devançant Jobbik, le parti d'extrême droite, son propre parti, Fidesz, a remporté 70 % des sièges du Parlement hongrois aux élections législatives d'avril dernier.

M. Orbán s'appuie sur cette légitimité démocratique pour museler les critiques et les oppositions et maintenir un contrôle étroit sur les médias, les ONG et tous les corps intermédiaires. À l'extérieur, il choisit de remettre en cause les engagements européens sur le contrôle des flux migratoires et se revendique ouvertement comme le porte-parole d'un courant national-populiste en Europe, qu'il cherche à imposer en vue des prochaines élections européennes.

Je veux évoquer le cas emblématique de la Central European University (CEU), un établissement d'enseignement supérieur privé créé en 1994 par George Soros, qui accueille des étudiants et des enseignants de 117 pays et permet à ses étudiants d'obtenir un double diplôme hongrois et américain. Le Premier ministre hongrois mène depuis deux ans une campagne pour forcer l'université à fermer ses portes ou à quitter la Hongrie. Si la CEU s'est pliée aux multiples demandes du gouvernement hongrois pour pouvoir continuer à exister, son sort reste incertain pour la rentrée de cette année.

Cette campagne de Viktor Orbán est à la fois une campagne antisémite visant George Soros et une campagne contre la liberté universitaire de l'ensemble des institutions académiques et de recherche en Hongrie. Sa volonté est claire : en expulsant les ONG étrangères et les étudiants étrangers, il cherche à imposer une pensée unique et à chasser tout ce qui ne révèle pas de la pensée magyare. À cet égard, notre nouvelle ambassadrice à Budapest prend ses fonctions cet été, et je salue au passage le désaveu par le Président de la République des propos tenus par écrit par notre précédent ambassadeur, qui ne me semblent pas refléter la position de la France.

Monsieur le ministre, pensez-vous qu'à la faveur de ce changement d'ambassadeur à Budapest, nous puissions aider l'université d'Europe centrale et soutenir la liberté universitaire et la liberté de pensée en Hongrie ?

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