Monsieur le ministre, ma question portera sur les relations que l'Union européenne entretient avec la zone de libre-échange de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) – chacun comprendra le tropisme que j'ai pour cette région en ma qualité de députée de la 11e circonscription des Français de l'étranger.
Je rappelle que l'ASEAN, fondée en 1967, visait à promouvoir dans la région de l'Asie du Sud-Est la croissance économique, la paix et la stabilité, en réponse à la poussée du communisme. La zone de libre-échange de l'ASEAN comprend 650 millions d'habitants – 30 % de plus qu'en Europe – et connaît une forte croissance économique de 5 % par an. Elle bénéficie d'investissements étrangers à hauteur de 100 milliards de dollars en 2016 – très mal répartis, Singapour en accaparant la moitié – et l'Union européenne est le premier investisseur de l'ASEAN, à laquelle elle apporte un tiers des investissements qu'elle reçoit. Par ailleurs, l'Union européenne constitue, après la Chine, la deuxième destination de l'ASEAN pour ses exportations, et elle est le troisième importateur vers l'ASEAN, derrière la Chine et le Japon.
Nos activités commerciales avec l'ASEAN sont en constante progression et nous y avons des opportunités dans le domaine des infrastructures – notamment des transports –, de la santé, de l'énergie, de l'agroalimentaire et des nouvelles technologies. À cet égard, les accords commerciaux peuvent offrir de belles perspectives : ainsi, l'accord commercial entre l'Union européenne et la Corée du Sud est tout à fait satisfaisant, puisqu'il nous permet de réaliser un excédent commercial avec cet État. Je rappelle également que la conclusion d'accords commerciaux avec des pays présentant un niveau de développement moins avancé que le nôtre permet de faire progresser les salaires et de réduire indirectement les inégalités.
J'aurai donc trois questions, monsieur le ministre. Premièrement, quel impact ces traités peuvent-ils avoir sur la situation politique des pays concernés, à l'heure où les modèles de démocratie « illibérale » se développent ? De ce point de vue, nous porterons un regard particulièrement attentif sur ce qui se passe à ce moment au Cambodge.
Deuxièmement, quelle est votre analyse des projets de coopération commerciale avec le Vietnam et l'Indonésie ? Selon vous, que peut-on en attendre et quels pourraient en être les bénéfices pour les entreprises européennes, notamment les françaises ? Enfin, quels autres pays de la zone ASEAN pourraient être tentés de conclure des accords du même type ?
Troisièmement, enfin, quel regard l'Union européenne porte-t-elle sur les élections qui vont avoir lieu au Cambodge le 29 juillet prochain ? La France et l'Union européenne ont-elles des visions convergentes sur la situation au Cambodge ?