J'avais prévu de vous poser quatre questions, monsieur le ministre, mais je devrai certainement m'en tenir à deux…
Premièrement, l'Italie est un pays allié, un pays frère, et j'ai l'honneur de représenter à l'Assemblée nationale les 100 000 Français qui y sont établis. Cependant, on constate aujourd'hui un malaise, pas simplement entre les gouvernements, mais aussi parmi les Franco-Italiens et les résidents français en Italie. Monsieur le ministre, l'Italie est une démocratie et elle a voté : de grâce, respectons les choix du peuple italien, quels qu'ils soient, même s'ils ne nous conviennent pas – on pourrait dire la même chose au sujet de la Hongrie.
Au sujet de l'Italie, vous avez parlé de populisme, le Président de la République a parlé de cynisme et d'irresponsabilité, tandis que, de son côté, Giuseppe Conte, le président du Conseil des ministres italien, a évoqué les leçons hypocrites données par des pays qui ne sont pas directement concernés par les questions d'immigration. Après les convocations d'ambassadeurs et les annulations de rendez-vous auxquelles on a assisté, j'estime que les relations entre la France et l'Italie doivent s'apaiser, et que les représentants de nos pays respectifs doivent se calmer, se respecter et se parler.
Deuxièmement, je veux évoquer l'attentat de la rue des Rosiers. Il y a bientôt trente-six ans, le 9 août 1982, un commando de terroristes palestiniens faisait irruption dans le restaurant tenu par Jo Goldenberg et mitraillait clients et employés, faisant six morts et vingt-deux blessés. En 2015, grâce à la détermination du juge Marc Trévidic, les suspects ont été localisés et des mandats d'arrêt internationaux ont été émis contre les quatre terroristes présumés. Or, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ces derniers continuent de couler des jours paisibles – deux en Jordanie, un dans les Territoires palestiniens, le dernier en Norvège.
J'ai écrit à ce sujet à votre prédécesseur, mais mon courrier est resté sans réponse. Le 7 mars dernier, le Président de la République a évoqué ce dossier au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Le 1er juin, avec M. Yohann Taïeb, porte-parole de l'une des familles de victimes, très actif sur ce dossier, j'ai rencontré à l'Élysée l'un des conseillers diplomatiques du Président, qui m'a assuré que notre réseau diplomatique était mobilisé pour obtenir l'extradition des terroristes. Enfin, j'ai évoqué personnellement ce dossier avec Benjamin Netanyahu, qui m'a dit début juin qu'il était disposé à collaborer – à condition, évidemment, que la France lui en fasse la demande.
Monsieur le ministre, l'impunité dont bénéficient actuellement ces quatre terroristes est une injure à la mémoire des victimes, que j'estime moralement insoutenable. Pouvez-vous nous faire un point précis des démarches entreprises par la France pour obtenir l'extradition effective des auteurs de l'attentat de la rue des Rosiers, trente-six ans après les faits ?