Je suis plutôt favorable à la diplomatie française en ce moment car elle fait mieux qu'avant. Vos prédécesseurs étaient couchés devant l'Allemagne, et nous avons été pendant très longtemps les parangons d'une Allemagne dominant outrageusement l'Europe. Ça suffit. La responsabilité de l'Allemagne est écrasante depuis deux ans. Mme Merkel porte des responsabilités à plus d'un titre. Tout d'abord, elle a réveillé le populisme, qui était déjà suffisamment fort, par des déclarations qui n'ont pas été contrôlées. Ensuite, elle nous aliène la Russie. Je ne ferai pas une catilinaire, ce serait trop long, mais je demande que l'on ait un débat sur les relations entre la France et l'Allemagne, sur ce qu'elles ont apporté à notre pays, plutôt que de sombrer dans ce cocorico permanent qui consiste à dire que l'on ne peut vivre sans l'Allemagne. Le traité avec l'Allemagne m'inquiète beaucoup.
Par ailleurs, je pense que la Méditerranée est très importante, surtout dans une période de migrations. Qu'est devenue la politique méditerranéenne d'un de vos prédécesseurs lointains ? L'Union pour la Méditerranée a disparu grâce à la gentillesse des Américains et des Allemands. Cette Union était une bonne idée, car c'est en Méditerranée que se produiront l'essentiel des migrations.
Dans le même ordre d'idées, je pense que l'Algérie – cela va vous étonner étant donné mon passé politique – a un rôle très important à jouer, et il faut absolument que la France rétablisse le contact avec ce pays. Il suffit de regarder une carte : l'Algérie détient une grande partie de la clé du problème avec le Sahel. Il faut que l'Algérie et les autres pays du Maghreb s'associent à la France pour conduire une véritable politique à l'égard du Sahel. Si l'Algérie craque, nous connaîtrons un déferlement terrible. Je pense que les Algériens sont prêts à faire ce pas. Où en sommes-nous dans les contacts avec l'Algérie pour juguler ce qui se produira immanquablement, à savoir la crise migratoire à travers la Méditerranée ?