Monsieur le professeur, j'ai été très sensible à ce que vous avez dit sur les enjeux de la démocratie sanitaire. Je pense que nous devons mener une réflexion approfondie sur ces questions car beaucoup de progrès restent, sur ce plan, à accomplir.
J'apprécie particulièrement votre effort pour traiter les questions telles qu'elles se posent, ce qui exige que nous nous départissions du confort intellectuel qui nous guette tous pour prendre le temps de débattre et de nous interroger. Ce temps, nous devrions aussi parfois le prendre à l'Assemblée nationale, où tout va toujours plus vite, où il nous est demandé d'accélérer nos discussions.
Vous posez une question fondamentale : qu'est-ce que la personne humaine ? Il nous faut en effet faire progresser la conscience de ce que nous sommes et réfléchir à ce que nous voulons être afin de disposer de guides pour nos choix politiques. Or, nous vivons ce que d'aucuns nomment une crise anthropologique, qui est en tout cas une crise de sens, provoquée par des phénomènes de marchandisation, eux-mêmes suscités parfois par la concurrence – vous avez d'ailleurs indiqué à la fin de votre propos que la concurrence interfère parfois dans vos travaux et pose la question, pourrait-on dire, d'une éthique de la bioéthique.
Je voudrais savoir quelle leçon vous tirez des travaux que vous avez conduits, quels sont ceux qui selon vous restent à poursuivre, enfin quelles sont les conditions d'un véritable débat qui concerne l'ensemble de la société. Ne faudrait-il pas réparer certaines fractures sociales afin de permettre que les enjeux bioéthiques dont vous avez parlé puissent être très largement partagés ?