Je comprends en tout cas, ma chère collègue, votre déception. (Sourires.)
Je souhaite revenir sur deux sujets relatifs à la PMA qui posent particulièrement problème, tant philosophiquement que juridiquement. La première est celui de la marchandisation du corps humain. Car il est pour le moment question de la PMA pour toutes, mais des couples d'hommes qui aimeraient accéder à la paternité vont forcément souhaiter la légalisation de la GPA, puisqu'ils ne pourront jamais procréer eux-mêmes. Et ces couples vous opposeront l'argument qui vous sert à justifier la PMA pour toutes, soit le respect de la stricte égalité, puisque la GPA est possible à l'étranger. S'ils ont gain de cause, la GPA, altruiste dans un premier temps, sera bientôt indemnisée officieusement puis officiellement. On voit donc que derrière les questions qui concernent la PMA se profile le risque de la marchandisation du corps humain.
Ma deuxième question porte sur l'accès aux origines. Pour faire un enfant, il faudra toujours un gamète mâle et un gamète femelle. Or, notre pays va avoir des générations d'enfants sans père et qui ne pourront connaître son identité, ainsi que plusieurs de mes collègues l'ont relevé. Lever l'anonymat du don entraînerait des problèmes juridiques, puisque ces enfants auraient alors la possibilité de se tourner vers leur géniteur pour lui demander des comptes. A contrario, si nous préservons l'anonymat des donneurs, ces enfants devront construire leur identité en ignorant qui est leur père, ce qui ne manquera pas pour eux d'être difficile, même s'ils ont des grands-parents et une maman aimante. Que des générations d'enfants ne puissent savoir qui est leur papa est à mes yeux un vrai problème.