Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 12 septembre 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

... honorables pour ceux qui produisent. Mais vous acceptez qu'existe une soi-disant ferme de 37 000 porcs – je pense que M. le rapporteur, qui est agriculteur lui-même, n'appellerait pas cela une ferme – , alors qu'on est en fait dans une usine qui produit dans des conditions absolument détestables. C'est ce qui est le plus révoltant par l'indifférence dont cela témoigne à l'égard d'un être sensible qu'est un animal mais aussi au regard des conséquences économiques qui sont terrifiantes... et pour ne rien dire des conséquences sanitaires – les gens vont bientôt avoir l'occasion de s'en rendre compte. Et c'est pareil avec les fermes des 10 000 vaches et autres abominations.

Là encore, l'on retrouve l'idée de marchés qui sont dominés par quelque chose qui n'a rien à voir avec votre appétit ou avec mon envie de manger : les cours financiers et la circulation des produits, qui finit par transformer en sous-produits certains produits agricoles essentiels issus de l'élevage.

Prenons l'exemple des vaches : dans la ferme des 10 000 vaches, l'un des produits les plus importants n'est pas le lait, mais le méthane que l'on arrive, à travers le cycle de leur nourriture, à tirer de ces pauvres bêtes. C'est tout de même extraordinaire, non ?

Naturellement, à partir de là, il n'y a plus de compétition honnête sur les marchés agricoles. Quand vous importez de Nouvelle-Zélande des carcasses de moutons, la viande est un sous-produit de la laine : il n'existe donc plus de compétition normale entre producteurs.

Toute la théorie de l'avantage comparatif repose justement, dans la théorie classique, qui date tout de même du XVIIe siècle – je me permets à ce propos de signaler l'archaïsme qu'il y a à se référer à une théorie, celle du libre-échange, qui date de cette époque – sur des exemples agricoles.

Et bien justement, cela ne fonctionne pas. Cela ne fonctionne plus.

Dans ces conditions, monsieur le ministre, dire que l'on va par la culture contractuelle régler la question des prix revient à fabriquer de la poudre de perlimpinpin ou à distribuer des pattes de lapin ou des fers à cheval aux paysans pour que les choses se passent bien.

Donc la culture contractuelle n'est pas de nature à régler cette question des prix : il faut que ceux-ci soient fixés. De grâce, n'usons pas entre nous de caricatures qui sont ridicules : des prix fixés nous ramèneraient par exemple au communisme de guerre...

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