Or il s'agit d'un drame social et humain épouvantable qui vous émeut, je le sais, autant que moi.
Pour que cette nouvelle agriculture capable de faire face à cette révolution verte puisse voir le jour, il faut acter, par des gestes forts, les ruptures que nous menons à bien. Je dis bien les ruptures : rupture d'abord – c'est notre ligne : il y en a marre, cela suffit, cela ne sert à rien – avec le cadre du libre-échange généralisé.
Nous autres Français – je ne dis pas que tout le monde puisse le faire – pouvons opérer une relocalisation : nous vivions en effet jusqu'à présent dans une zone tempérée, ce qui nous permettait de produire à peu près tout ce que nous voulions. Nous n'avons pas besoin de ce grand marché mondial. Vous me direz : nous avons des excédents. Je l'ai bien compris, mais enfin, il n'y en a premièrement pas tant que ça, et deuxièmement, une demande s'exprimera au sein du marché mondial. Nous n'avons jamais dit que la nation française allait revenir à la stricte valeur de subsistance de son agriculture : je n'ai pas affirmé une telle chose.
Il faut cependant que le point de départ ne soit pas de croire que la solution et le miracle agricole viendront de l'ouverture des marchés sur le monde. Non. En outre, le contrat Mercosur est mauvais : il l'est d'un bout à l'autre et il ne nous servira à rien.
Pardon, monsieur le ministre, mais s'agissant du JEFTA – Japan-UE Free Trade Agreement – qui a été signé dans des conditions que vous connaissez tous, je vous fais les gros yeux. C'est en effet bien votre gouvernement qui a accepté que ce même JEFTA, qui a été signé notamment par le Conseil européen, ne vienne pas en débat devant les assemblées : cela s'est décidé le 17 juillet. Il ne nous est donc pas tombé du ciel.
S'agissant du CETA, vous nous avez dit : ce n'est pas nous, c'est Hollande. Très bien, cela me va et je veux bien l'admettre, car c'est vrai.
En revanche, le JEFTA, non, ce n'est pas Hollande, c'est vous ! Et en l'occurrence c'est pire, parce que c'est le point de départ qui est en cause : le CETA va, lui au moins, même si ce n'est qu'en partie, passer devant nous. Le JEFTA, nous ne le verrons même pas ! Il paraît qu'il s'agit d'un très bon accord pour nous, car nous aurions ainsi obtenu des Japonais de laisser passer nos productions agricoles en échange de pouvoir arranger nos affaires concernant les voitures.
Celles-ci intéressent beaucoup nos amis allemands, sur tous les sujets, dans toutes les directions, toutes les négociations et à tout propos, puisqu'ils ne produisent eux pas de bananes mais des voitures, qui représentent 20 % de leur économie. C'est dire que le futur ne sera pour eux pas très doux, tant le véhicule automobile sera bientôt dépassé compte tenu également des problèmes induits par la crise écologique. Les échanges internationaux abaissent donc le niveau de la production.
Il doit également y avoir une rupture s'agissant de la question de la qualité.