Intervention de Julien Dive

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive :

Un agriculteur ne traite pas son champ par plaisir, il le fait sous la contrainte et, en France plus qu'ailleurs, avec beaucoup de raison et de respect pour celle qui le fait vivre : la terre.

Monsieur le ministre, je vous parle de ce monde paysan qui reçoit chaque mois, chaque semaine, les mauvaises nouvelles climatiques, économiques, politiques, réglementaires, qui viennent assombrir toujours un peu plus l'avenir de cette profession et écartent les vocations des jeunes repreneurs. Je vous parle de ce monde paysan paniqué par les menaces sur le budget de la PAC, socle fondateur de notre Union européenne : la diminution annoncée de 40 milliards du budget de la PAC à l'échelle européenne serait une catastrophe pour toute la filière, sans exception. Alors que certains pointent du doigt la place des lobbys en politique, je vous demande, monsieur le ministre, d'être un lobbyiste à Bruxelles pour défendre notre budget de la PAC.

Je vous parle de ce monde paysan qui s'inquiète de la suppression, au 1er janvier 2019, des allégements de charges pour les agriculteurs recrutant des saisonniers, les TODE – travailleurs occasionnels-demandeurs d'emploi. Le dispositif de lissage que vous préparez dans votre projet de loi de finances 2019 ne compensera pas la perte pour les agriculteurs, à savoir 189 euros par saisonnier et par mois, soit près de 180 millions d'euros de coûts supplémentaires pour l'ensemble de la filière. Or le coût de la main d'oeuvre n'est pas étranger aux difficultés de recrutement des saisonniers qui se sont manifestées ces dernières semaines partout en France : il est supérieur de 27 % à celui observé en Allemagne, de 37 % à celui observé en Italie. Alléger les charges par le dispositif TODE, c'est faciliter les recrutements et choisir le « gagnant-gagnant »

Monsieur le ministre, je pourrais aborder de nombreux autres sujets, où il y a tant à faire, comme le développement des carburants biosourcés, qui offrent de nouveaux débouchés, sources de revenus supplémentaires pour nos agriculteurs, ou la concurrence des patatiers belges, qui viennent louer des terres dans les Hauts-de-France et cultivent des plants non homologués, faisant ainsi poindre le risque de jachères noires, mais nous aurons l'occasion d'en débattre dans les heures qui viennent, en examinant les amendements.

Depuis plusieurs mois, nous travaillons sur le projet de loi « EGALIM », censé renforcer la compétitivité et les revenus de nos agriculteurs. En parallèle, au moment où nous parlons, la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi PACTE – relatif à la croissance et à la transformation des entreprises – est en train de conduire ses travaux. Inscrivons-nous dans cette logique, ne pénalisons pas nos entreprises agricoles.

Au-delà des postures, des effets de communication et des arrière-pensées partisanes, rendons ce texte efficace, chers collègues, agissons pour notre agriculture, nos agriculteurs et l'avenir de nos territoires !

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