Je pourrais l'appeler l'amendement « mille vaches », puisqu'il vise à préciser, dans le texte de loi, quelle agriculture nous voulons, en y inscrivant qu'il s'agit de privilégier le développement des petites fermes et d'interdire les fermes-usines.
J'y insiste : de mon point de vue, ce qui se passe dans la ferme des mille vaches, à Drucat, près d'Abbeville, dans la Somme, n'est pas une anomalie de l'agriculture ; cela s'inscrit dans la continuité de la politique agricole menée depuis l'après-guerre, avec toujours moins de paysans et toujours plus de rendement. La ferme des mille vaches constitue non pas une rupture, mais, au contraire, une suite logique de cette politique. Pour être compétitive, la France devrait se mettre aux mégafermes laitières hors sol, dotées de méthaniseurs pour offrir des revenus complémentaires ou principaux.
Est-ce vers ce type d'agriculture que nous voulons aller ? On sait ce que cela peut donner en termes de spéculation et de projets un peu fous. Au Brésil, certaines structures comptent des dizaines de milliers de vaches – nous n'en sommes évidemment pas encore là. Voulons-nous des consortiums spéculatifs ? Voulons-nous que le lait ou la viande ne soient qu'un sous-produit du méthane ? Voulons-nous que cela se fasse avec une main-d'oeuvre à bas coût ? Et ainsi de suite.
Il n'est pas inscrit dans le projet de loi que nous ne voulons pas aller vers ce modèle. Or je souhaiterais que tel soit le cas. Pire, pour l'instant, il y a une certaine complicité des autorités de l'État, puisque la ferme des milles vaches a obtenu l'autorisation d'élever 500 vaches, mais en compte désormais 830, me semble-t-il, sans que les autorités réagissent.