Plusieurs de nos amendements sont inspirés par la même logique. Monsieur le rapporteur, je voudrais vous rappeler qu'il y a quelques jours, le ministre de l'écologie, M. Nicolas Hulot, se demandait, sur une chaîne de radio, si nous avions commencé à ralentir la consommation de pesticides, question à laquelle il a répondu non. Par conséquent, il faut aujourd'hui prendre les mesures que chacun attend de nous. Aucun argument ne tiendrait, qui consisterait à dire « voyons ensuite » ou « contentons-nous de ce que nous avons et faisons-le bien ». En effet, l'utilisation des pesticides ne constitue pas seulement une gêne provisoire, un inconvénient à un moment particulier du développement des sciences et des techniques. Elle menace la génération elle-même, c'est-à-dire l'espèce elle-même, comme tous les signes le montrent. On a évoqué précédemment l'autisme, mais on pourrait citer des dizaines d'autres maladies pour lesquelles une corrélation est établie entre l'utilisation des pesticides et leur apparition.
Nous ne sommes pas des défenseurs de la nature en général, qui n'a que faire de nous et qui continuera avec ou sans nous. Ce que nous défendons, c'est l'écosystème qui rend possible la vie humaine. L'utilisation massive, monstrueusement massive, des pesticides le menace gravement. Ne croyez pas que la sixième extinction de la biodiversité ne concerne que les oiseaux, les abeilles et autres bestioles qui peuplent le sol ou les airs. Il y a aussi, et peut-être d'abord l'espèce humaine, qui est elle-même responsable de sa destruction. Les pesticides sont utilisés en France plus que partout ailleurs, parce que c'est dans ce pays qu'on aura peut-être le plus répandu l'illusion que c'est la manière de faire de la bonne agriculture. Les pesticides sont utilisés dans des conditions qui, chacun le reconnaît aujourd'hui, sont inacceptables ; je pense en particulier à la culture de la vigne, qui absorbe 30 % de ces produits, alors qu'elle ne représente qu'une proportion de la surface cultivée infiniment inférieure.
Tous nos amendements iront dans le même sens. Il faut maintenant en finir avec ces pesticides. La paysannerie de notre pays est capable de produire, de nourrir la population, d'assurer la suffisance alimentaire sans les pesticides, comme elle l'a d'ailleurs fait pendant des générations. Ce qui est en train d'inverser le cycle, c'est l'utilisation de ces produits. Monsieur le rapporteur, je suis sûr que vous partagez mon point de vue, et je voudrais que vous me disiez, à l'occasion de l'examen de l'un ou l'autre de nos amendements, en quoi notre diagnostic serait erroné. En revanche, si nous avons raison, si ces substances sont effectivement cause de maladies, pourquoi n'arrêtons-nous pas tout de suite ?