Au-delà de l'aberration économique, ces deux privatisations sont des non-sens, des erreurs stratégiques.
C'est d'abord vrai pour la Française des jeux. Si la puissance publique est capable de trouver un équilibre entre la lutte contre les addictions et la protection des joueurs, d'une part, et l'optimisation du produit des jeux, d'autre part, une société privée n'aura pas les mêmes exigences et ne voudra pas supporter les dépenses liées à la prévention des addictions et du surendettement. La Française des jeux n'est pas une entreprise comme les autres, parce que le jeu n'est pas une marchandise comme les autres. Vous connaissez comme moi les chiffres de l'addiction, chaque année confirmés par l'Observatoire des jeux. Christophe Blanchard-Dignac, l'ancien président de la Française des jeux, estimait lui-même qu'il était difficile d'arbitrer entre les résultats et la responsabilité sociale de l'entreprise. La mise en balance de ces deux objectifs et son sens des responsabilités l'avaient conduit, en 2014, à supprimer le jeu Rapido, considéré comme trop addictif. Qu'en sera-t-il avec un actionnaire privé ? Pour les dirigeants d'une Française des jeux privée, que pèsera la défense du jeu responsable face à la tentation de la rémunération des actionnaires ?
Par ailleurs, vous le savez – sur ce sujet, le débat est vif – , la Française des jeux est le premier contributeur au « sport pour tous » dans notre pays.