... ce navire s'est vu retirer son pavillon panaméen sous la pression du gouvernement italien. Il est désormais considéré comme un navire pirate et il nous appelle à l'aide, comme le fait également Chamseddine Marzoug, pêcheur tunisien de Zarzis, qui agrandit jour après jour le cimetière des oubliés, dans lequel il enterre les corps rejetés par la mer. C'est ce fardeau qu'il est venu présenter en avril dernier au Parlement européen de Strasbourg, pour tenter d'éveiller les consciences des représentants de 511 millions d'Européens, repliés derrière leurs peurs. Trois jours de négociations ont encore été nécessaires pour que la France accepte d'accueillir une poignée des cinquante-huit personnes recueillies. Et, pour chaque jour, combien d'embarcations ont sombré et combien de futures fosses seront creusées ?
Les bons sentiments ne sont pas une faiblesse. La fraternité n'est pas uniquement un bracelet vendu à prix d'or dans la boutique de l'Élysée.