Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, je remercie tout d'abord Didier Quentin pour la grande qualité de son rapport.
L'accord entre Cuba et l'Union européenne dont nous débattons aujourd'hui est historique. Il l'est d'abord pour Cuba, bien sûr, au moment où les dirigeants issus de la révolution de 1959, dont Raúl Castro, cèdent peu à peu le pas à une génération nouvelle. Ce pays ouvre une page nouvelle de son histoire et s'essaie à une transition économique et sociale, dont le principal défi est d'améliorer les conditions de vie des habitants.
Cet accord est également historique pour l'Union européenne. Il marque enfin la reprise d'un véritable dialogue politique avec Cuba. Premiers investisseurs dans la région, les Européens devaient rehausser leur coopération à la hauteur de leurs échanges économiques avec l'île. Mais surtout, à l'heure où les relations entre Cuba et les États-Unis se distendent, l'Union européenne prouve qu'elle peut conduire sa propre politique extérieure, fondée sur le dialogue et le multilatéralisme davantage que sur la démonstration de force.
Dans ce contexte nouveau, nous devons être aux côtés de Cuba et soutenir la transition en cours, sans rien céder bien sûr sur les points de vigilance qui sont les nôtres, en particulier sur les droits humains et les libertés publiques.
Cet accord est aussi un symbole important auquel l'ensemble des Caraïbes et de l'Amérique latine sont sensibles. Je veux, si vous me le permettez, m'y attarder quelques minutes.
La France entretient depuis longtemps une relation forte avec l'Amérique latine du fait des idéaux d'émancipation et de liberté incarnés par notre pays. Nous avons tous en tête les images de l'incroyable tournée du général de Gaulle et de la clameur des peuples qui l'accueillaient en Amérique latine. La France a constamment oeuvré, avec l'Espagne et le Portugal, à renforcer le dialogue politique entre l'Amérique latine et l'Union européenne. Cette intuition était bonne, et elle l'est plus encore aujourd'hui, compte tenu du repli américain. L'Union européenne est toujours le principal fournisseur d'aide au développement, le deuxième partenaire commercial et le principal investisseur en Amérique latine.
Malheureusement, on ne peut que constater que le partenariat de haut niveau entre l'Union européenne et l'Amérique latine est à la traîne depuis les années 2000. Il nous faut donc retrouver l'objectif originel de l'association stratégique entre l'Europe et l'Amérique latine – l'entente et l'unité entre des peuples de bonne volonté – , seule à même de peser sur les affaires du monde et de contribuer à son équilibre.
Je souhaite, pour ma part, que la France soit à l'avant-garde de cette démarche...