Intervention de Nicolas Forissier

Séance en hémicycle du jeudi 27 septembre 2018 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Après l'article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Forissier :

Ces amendements sont comparables et se rapportent à la discussion que nous avons eue ce matin, à propos du relèvement du seuil. Vous y avez répondu mais je voudrais ajouter quelques remarques.

Monsieur le rapporteur général, il est évident que, contrairement à ce que vous laissiez entendre, si l'on accepte dans cet hémicycle de passer d'un seuil de 50 à 75 salariés, par exemple, il faudra harmoniser en conséquence d'autres dispositions. J'évoquais les zones de revitalisation rurale, mais vous avez cité d'autres cas. C'est logique. Votre argument ne s'oppose pas au relèvement du seuil. Le relèvement du seuil implique naturellement, parce que nous l'aurions accepté dans cette assemblée, que les réglages nécessaires soient réalisés.

Monsieur le ministre, j'ai bien compris votre explication et votre logique. Nous sommes d'ailleurs assez nombreux sur ces bancs à partager la nécessité de revoir les conséquences de ces mesures qui sont autant de freins à l'embauche. Une entreprise, en effet, peut hésiter, lorsqu'elle compte 48 ou 49 salariés, à embaucher, du fait des trente-quatre obligations légales supplémentaires et du coût que représente une augmentation de 4 % de la masse salariale. Elle préfère ainsi diviser en groupes, contourner la réglementation, plutôt qu'embaucher.

J'ai admis que la création d'une zone grise de cinq ans améliore la situation actuelle : elle représente un progrès. J'ai toutefois ajouté qu'il convient de faire un geste puissant. Tout en étant d'accord avec votre constat, je pense qu'il faut, en plus de la mesure prévue dans le texte, relever le seuil. Nous voulons les deux mesures, parce qu'elles sont cohérentes. Vous avez votre position, nous avons les nôtres, que je tenais à rappeler.

Enfin, monsieur le ministre, j'ai déposé un amendement, portant article additionnel après l'article 73, qui est un amendement d'appel, visant à faire le point, de la manière la plus objective possible, sur les conséquences réelles de tous les passages de seuil, y compris en matière de droit du travail, en en discutant avec les partenaires sociaux. Rien n'interdirait au Gouvernement et au Parlement de travailler ensemble dans la recherche d'une base objective permettant de procéder aux réglages nécessaires, en vue d'apporter une réponse définitive à cette question, allant dans le sens de ce que vous avez vous-même proposé ce matin.

J'appelle votre attention sur le fait que, si, par hasard, aucun de mes cinq amendements n'est adopté par cette assemblée, ce que je regretterai naturellement, je propose, avec cet amendement après l'article 73, une porte de sortie débouchant sur une démarche constructive, à laquelle le groupe Les Républicains est prêt à collaborer.

Je suis favorable à une solution médiane et raisonnable, visant à élever le seuil de cinquante à soixante-quinze, mesure qui aurait des conséquences mécaniques en matière d'emplois très importantes. La Fondation iFRAP – Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques – a publié ce matin une nouvelle étude, qui évalue à 150 000 le nombre d'emplois mécaniquement créés l'année n+1 grâce à un ensemble de mesures de réglages des seuils – il est facile d'imaginer l'effet boule de neige de ces mesures les années suivantes. De son côté, Arnaud Viala et d'autres collègues proposent d'élever le seuil à 100. Je vous ai également offert, monsieur le ministre, la faculté de choisir entre ces deux chiffres : 90, 80, 76. Je vous propose de faire votre choix dans l'intérêt des entreprises françaises.

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