Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du vendredi 28 septembre 2018 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Après l'article 13 septies

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

je veux au contraire rappeler qu'au contraire, la stratégie industrielle du Gouvernement est claire.

Le premier volet de cette stratégie concerne la poursuite de l'amélioration de la compétitivité-coût de notre industrie. Je le répète : tous les gouvernements, de gauche comme de droite, se sont engagés depuis plusieurs années dans cette direction. Il faut que nous arrivions à produire moins cher. On peut toujours le regretter, mais c'est indispensable si nous voulons résister à la concurrence internationale : la filière a des consommateurs d'une part, des concurrents d'autre part. Il faut que nous soyons concurrentiels, que nos outils de production soient moins coûteux et que le coût du travail dans notre industrie soit compétitif, comparé à celui de nos grands voisins.

En la matière, la France a accompli des progrès considérables. Pour le coup, je considérerais comme une erreur d'aller vers le moins-disant en matière salariale, d'autant, je l'ai dit, que nous avons progressé.

La compétitivité-coût pose une question majeure – je le répète devant la représentation nationale : celle des impôts de production. Ces impôts sur l'industrie doivent diminuer. C'est le cap fixé par le Premier ministre. Ma conviction est que le plus tôt sera le mieux. Nous avons commencé en supprimant le forfait social, qui est un impôt de production.

Les décideurs, quelle que soit leur affiliation politique, éprouvent toujours la tentation de créer un impôt ou une taxe qui leur paraissent justifiés pour tel ou tel motif. Mais, au bout du compte, la somme des impôts de production augmente, nous vendons moins de produits et le chômage augmente à son tour. C'est pourquoi les impôts de production doivent baisser. Il faut tenir ce cap de manière obstinée si l'on veut obtenir des résultats, tant le réflexe classique des gouvernants – quelle que soit, encore une fois, l'affiliation politique – consiste non à diminuer les impôts mais à les augmenter.

Le deuxième volet est capital, à mon sens – le Premier ministre en a parlé lors de son déplacement chez Dassault Systèmes. Il concerne l'innovation, la numérisation et la robotisation. Je me souviens d'une très belle visite à l'usine Renault Alpine, en compagnie du député de Dieppe. Nous avions vu un outil de production exceptionnel, notamment par son niveau de numérisation et de robotisation. Celui-ci permet une production remarquable, la nouvelle Alpine, qui se vend bien. Ce fleuron de l'industrie automobile française est la preuve que celle-ci a un avenir.

Au passage, je rappelle que l'innovation est le meilleur lien avec la tradition. Si nous sommes une grande nation en matière d'industrie automobile, c'est d'abord parce que nous avons été parmi les premiers à inventer et à créer des systèmes de propulsion et des machines automobiles. Quand nous innovons, nous sommes fidèles à notre tradition. Les conservateurs qui ne veulent jamais innover, refusent les nouvelles technologies, la robotisation ou la numérisation et ne veulent pas forcer les portes de l'avenir sont en contradiction avec l'esprit français, qui est un esprit d'inventivité et d'innovation.

Numérisation, robotisation, suramortissement sont ainsi le deuxième volet de notre stratégie industrielle.

Le troisième, souvent passé sous silence, est celui que M. Sommer a mis en lumière : il est temps qu'il y a ait davantage de coopération dans les filières industrielles françaises. Et là, il y a un sacré boulot à faire, et d'abord en matière d'organisation.

Certaines filières sont remarquablement structurées. Parce que j'ai un esprit positif, je ne citerai que celles-là. La filière aéronautique est un modèle d'organisation et de structuration entre les grands donneurs d'ordre comme Airbus et les sous-traitants.

Dans ma région, cette filière est exceptionnelle. On cite toujours Toulouse, mais la Normandie, en matière de réalisation de nacelles ou d'ailes d'avion,...

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