Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du vendredi 28 septembre 2018 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Après l'article 13 septies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Je ne suis pas de ceux qui prennent souvent l'exemple de l'Allemagne – parce qu'il n'est pas à suivre, à mon avis, sur tous les sujets – mais, en l'occurrence, force est de reconnaître que nos voisins d'outre-Rhin ont un patriotisme industriel plus structuré. Au moins sur la question de la structuration des PME-PMI autour des grandes filières industrielles, peut-être pourrions-nous nous inspirer de leur exemple.

S'agissant, à présent, du secteur automobile, reconnaissons que – même quand l'État est actionnaire ou a son mot à dire dans les conseils de surveillance – , les grands groupes automobiles ne jouent pas le jeu non plus du « réflexe national » – termes que vous n'avez pas employés, car cette notion n'est pas euro-compatible ; peut-être est-ce d'ailleurs un sujet dont il faudrait discuter. Mettre en concurrence les sous-traitants entre eux aboutit, dans des régions comme la Normandie, à des asphyxies, des drames industriels et des disparitions de savoir-faire préoccupantes, même si, monsieur le ministre, vous avez raison de rappeler qu'il existe des contre-exemples, à l'image d'Alpine. Il y a là une société à dimension humaine et une grappe d'entreprises qui se sont structurées pour offrir des compétences correspondant aux besoins d'une marque comme Alpine ; cela marche, cela crée de l'emploi dans le territoire et cela renforce même le sentiment d'appartenance.

Je note que les auteurs de l'amendement, comme le ministre, ont exprimé leur volonté de progresser sur ce sujet, mais il va falloir le faire autrement qu'avec de bonnes intentions, en établissant un cadre juridique coercitif, en tout cas plus contraignant qu'il ne l'est aujourd'hui. L'État doit également donner l'exemple. Par exemple, dans la filière nucléaire, force est de constater que les grands appels d'offres lancés par EDF, y compris pour les carénages de centrales, avec plusieurs milliards d'euros à la clé, aboutissent à du dumping social. Et on sait les conséquences que cela entraîne sur le niveau de formation et de qualification des intervenants, ainsi que sur la sécurité et la sûreté. La main d'oeuvre peu formée – et, le cas échéant, venant de pays étrangers – à laquelle il est parfois fait appel ne connaît pas nécessairement les consignes de sécurité et elle est parfois accoutumée à des règles de droit du travail sans commune mesure avec les nôtres. On aboutit ainsi à des déstructurations de filières, voire à des pertes de savoir-faire au sein de filières qui, à cet égard, ont pourtant longtemps fait la fierté de notre pays. Je salue donc les bonnes intentions qui ont été exprimées, mais je souligne qu'elles devront se traduire par des décisions plus contraignantes.

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