Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, je dirai quelques mots sur la forme, la nature de nos débats puisque c'est la troisième fois que nous nous retrouvons. Je voulais saluer une nouvelle fois la qualité des différentes lectures de ce texte et souligner, monsieur le ministre, votre disponibilité ainsi que celle du rapporteur Jean-Baptiste Moreau au cours de nos échanges, même si le groupe UDI-Agir trouve que, sur certains sujets, nous n'allons pas suffisamment loin.
Je suis convaincu, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, que vous voulez le bien des agriculteurs et de l'agriculture français. Je sais aussi combien c'est dur – Guillaume Garot, qui était ministre il n'y a pas si longtemps, comme Stéphane Le Foll, sait combien il est difficile de soutenir l'agriculture dans notre pays.
Je crains cependant qu'au terme d'un an de débats depuis le lancement des états généraux de l'alimentation, ce texte ne soit celui d'une promesse déçue, celle faite par Emmanuel Macron à Rungis en octobre 2017 de l'inversion de la construction du prix. Ce serait une petite révolution dans notre pays et je veux vous faire un aveu, monsieur le ministre de l'agriculture : j'y ai cru, pas longtemps, l'espace de quelques heures.
C'est pourquoi je pense que lorsque les agriculteurs français vont, dans les semaines et mois à venir, mettre à l'épreuve la contractualisation que nous appelons de nos voeux depuis une dizaine d'années, ça va être difficile. Nous souhaitions rééquilibrer les relations commerciales. Nous souhaitions même, Charles de Courson, Philippe Vigier, Lise Magnier et moi-même, les moraliser. Or j'observe que, sur les ondes, on entend surtout Michel-Édouard Leclerc se présenter comme le défenseur du consommateur, alors que nous, derrière vous, monsieur le ministre de l'agriculture, n'aurions pas encore compris de quoi il s'agit ! Il faut que Michel-Edouard Leclerc ainsi que les consommateurs comprennent qu'un produit de qualité a un prix dans ce pays.
Je regrette, monsieur le ministre, que nous n'ayons pas pu consacrer le rôle de la contractualisation entre les agriculteurs, les industriels et la grande distribution en donnant plus de pouvoir aux organisations de producteurs et en étant beaucoup plus clair sur le rôle des interprofessions. Certes, le texte dit que ce sont les interprofessions qui vont fixer les indicateurs mais il n'y a pas de gendarmes : que ce soit l'Observatoire des marges et des prix, que ce soit le médiateur, on n'est pas allé très loin.
Je ne crois pas que le relèvement du seuil de revente à perte, le SRP, sera profitable aux agriculteurs. Je n'imagine pas notre ami Michel-Edouard Leclerc redonner de la marge aux agriculteurs ; je n'y crois pas.
En revanche, nous vous avons poussé dans vos retranchements s'agissant des centrales d'achat, débat que Charles de Courson, Philippe Vigier et moi-même avions ouvert à l'époque de Stéphane Le Foll. Nous avons remis l'ouvrage sur le métier et je pense qu'on commence à bouger les lignes, mais il reste beaucoup à faire, notamment en matière d'investigation sur le rôle des centrales d'achat en France et leur concentration en Europe.