« La semaine dernière, j'ai encore cueilli des mirabelles, ici, et le samedi nous avons vendu ces fruits sur le marché de Strasbourg. » C'est Philippe, un agriculteur, qui me racontait cela sur une colline de Kolbsheim, en Alsace. Mais derrière lui, on ne voyait plus de mirabelliers ni de cerisiers ; juste des arbres coupés, des souches arrachées. Lorsque nous nous taisions, nous n'entendions aucun chant, ni le pic cendré, ni l'alouette des champs ; seulement le bruit de la tronçonneuse, le grondement des pelleteuses. Sur ces terres, bientôt, c'est du béton qui coulera : une autoroute, une de plus, où passeront les camions. Aux habitants, à Mme la pasteure, qui s'opposent à ce chantier, votre Gouvernement a envoyé les policiers, des grenades, des hélicoptères, des rayons infrarouges. C'est facile, lorsqu'on dispose de la force, de la force armée : on peut écraser les opposants – et même, parmi ceux-ci, des élus – , ne leur témoigner aucun respect. De colère, de rage, d'impuissance, le maire de la commune en a brûlé son écharpe tricolore. Même une députée de votre majorité, ici présente, Martine Wonner, s'est faite gazer parce qu'elle refusait la toute-puissance de l'État-Vinci, parce qu'elle défendait ses engagements malgré le Gouvernement !