Monsieur le Premier ministre, vous annoncez 10 milliards d'euros de privatisations au prétexte d'un soutien bien modeste à l'innovation de 250 millions d'euros. Ces privatisations sont une aberration économique et une erreur stratégique et nous voudrions vous en convaincre.
Une aberration économique, parce qu'ADP – Aéroports de Paris – , La Française des jeux et Engie ont rapporté 850 millions d'euros à l'État en 2017 et 1,4 milliard en 2016; parce que le titre d'ADP a augmenté de 160 % au cours des cinq dernières années et que ses dividendes pourraient, à eux seuls, financer le Fonds pour l'innovation à l'horizon de cinq ans. Vous vendez des actifs qui rapportent 2,5 % pour rembourser une dette – que vous remboursez si peu – , alors que l'État emprunte à un taux inférieur à 1 % sur dix ans. Cette décision est une aberration économique, enfin, parce que, s'agissant d'ADP, vous allez devoir indemniser les actionnaires actuels à hauteur de plusieurs centaines de millions d'euros. Vous faites le choix du court terme et vous appauvrissez les Français en bradant leur patrimoine.
Vous faites également une erreur stratégique, s'agissant de La Française des jeux, parce que le jeu n'est pas une marchandise ordinaire. Il présente des risques d'addiction, de fraude, de blanchiment, dont un actionnaire privé, soucieux avant tout de rentabilité, ne se préoccupera jamais autant qu'un actionnaire public. Quant à ADP, il s'agit d'un service public national, aménageur, exploitant, développeur, au coeur des projets franciliens, avec CDG Express, la ligne 17 du métro du Grand Paris ou Coeur d'Orly.