Monsieur le ministre, nous vous avons écouté avec attention. Le fétichisme des privatisations pèse sur ce projet de loi PACTE d'une façon générale, et plus particulièrement en ce qui concerne ADP.
Votre idéologie n'est pas celle d'un gaullisme du XXIe siècle, mais tout simplement une idéologie libérale, dogmatique, qui vous pousse non pas à faire des choix mais à commettre des erreurs stratégiques. Vous souhaitez privatiser Aéroports de Paris, alors qu'il s'agit d'un service public national. Valérie Rabault a exposé des chiffres assez explicites. Vous avez, quant à vous, cité l'aéroport d'Heathrow, mais il n'existe pratiquement pas de grand aéroport international qui ne soit propriété d'une collectivité publique, excepté Heathrow. Vous devriez vous demander pourquoi.
Par ailleurs, nous pouvons nous demander pourquoi vous souhaitez vendre ADP dont l'action a augmenté de 160 % en cinq ans et dont le rendement est de 2,5 % par an pour les seuls dividendes alors que l'État se finance à un taux inférieur à 1 % par an pour des obligations à terme à dix ans. Là est la vraie question. Nous ne sommes pas contre le principe d'alimenter un fonds d'innovation et de rupture pour les entreprises et pour les prêts aux entreprises en particulier, mais vous le détournez de sa finalité en évoquant le désendettement de l'État. Surtout, il y aurait une autre manière, pour l'alimenter, que de vendre les actifs de l'État, qui plus est avec un faible rendement.
Nous proposons d'affecter les dividendes encaissés par l'État investisseur, puisque c'est l'expression que vous avez employée ce soir.
Si l'on considère le résultat net d'Aéroports de Paris en 2017, l'État pourrait percevoir du seul groupe pas moins de 173 millions d'euros de dividendes. Sachant que les résultats nets ont progressé en moyenne de 10 % ces dix dernières années, les seuls dividendes d'Aéroports de Paris pourraient financer l'ensemble du fonds pour l'innovation de rupture.
Nous proposons, comme logique alternative, de flécher la totalité des dividendes d'Aéroports de Paris mais aussi des autres entreprises que l'État souhaite privatiser, vers ce fonds, afin de répondre à son objectif tout en conservant la maîtrise stratégique de ces entreprises.