Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du mercredi 3 octobre 2018 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Article 44

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Je souhaite répondre aux questions qui m'ont été posées. Monsieur Woerth, je tiens à vous rassurer immédiatement : il n'est pas dans mon intention – je n'en ai pas non plus la prétention – de privatiser l'aéroport Charles de Gaulle, qui appartient à l'espace public, plus exactement même à la mémoire publique, et c'est tant mieux.

S'agissant d'une participation éventuelle de l'Etat, je vous répète que je suis ouvert à toutes les options : maintien d'une participation de l'État dans le futur capital de l'entreprise ou sortie complète, et, dans le cas d'un maintien de l'Etat, avec ou sans minorité de blocage. Toutes les options sont, à mes yeux, sur la table. Je rappelle simplement que le cahier des charges, qui vous sera communiqué, prévoira qu'il ne pourra pas y avoir de changement de capital de la future société sans accord de l'État : cette disposition est encore plus puissante qu'une minorité de blocage.

Lorsqu'on s'apprête à céder un actif, abattre ses cartes à l'avance peut avoir un impact important sur la valorisation de celui-ci. C'est la raison pour laquelle je préfère écouter vos recommandations plutôt que d'abattre de manière anticipée mes cartes devant les investisseurs potentiels.

La double caisse est, quant à elle, un sujet majeur : je vous confirme que l'État gardera le contrôle des redevances comme des investissements, les deux étant stratégiques pour l'avenir d'Aéroports de Paris. La construction d'un nouvel aérogare, le terminal 4, a été décidée : ce projet, qui représente plusieurs milliards d'euros d'investissement, est essentiel à la valorisation de l'actif. Si les prochains actionnaires devaient renoncer à sa réalisation, cette décision dévaloriserait l'actif, ce qui ne serait bon pour personne. Nous conserverons donc le contrôle de l'investissement et celui des redevances.

La double caisse est vertueuse parce qu'elle évite de compenser les moindres investissements dans les infrastructures et une moindre rentabilité de l'activité aéroportuaire par la vache à lait des activités commerciales. En cas de caisse unique, c'est-à-dire de fusion des revenus des redevances aéroportuaires et des revenus des boutiques de luxe, des hôtels et des parkings, les revenus des recettes commerciales seront systématiquement utilisées pour financer le moindre investissement ou pour compenser une moindre rentabilité de l'activité aéroportuaire.

Le caractère vertueux de la double caisse est d'ailleurs prouvé par le fait que les redevances des grands hubs européens qui ont le moins augmenté sont celles d'Aéroports de Paris : la direction d'ADP est d'ailleurs très attachée à cette double caisse, ce que je comprends parfaitement, puisqu'elle participe de la solidité du modèle d'ADP. Au contraire, l'existence d'une caisse unique à Heathrow a abouti à la dérive complète des redevances. Je crois au caractère vertueux du modèle de la double caisse : il sera donc maintenu.

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