Intervention de Daniel Fasquelle

Séance en hémicycle du jeudi 4 octobre 2018 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 49

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

Je répéterai, comme l'a fait M. Potier, notre opposition – nous sommes majoritaires à partager ce point de vue au sein du groupe Les Républicains – à cette privatisation, ce qui ne signifie pas, bien évidemment, que nous soyons hostiles, de manière générale, aux privatisations. Si, s'agissant d'Engie, il y a matière à discuter, nous pensons que la privatisation d'Aéroports de Paris est une aberration, tant sur le plan stratégique que du point de vue de l'aménagement du territoire ou sous l'angle économique et financier – cela a été largement démontré, et je ne comprends pas pourquoi vous ne l'entendez pas.

Vous avez répété à l'envi l'argument selon lequel une entreprise privée assurerait une meilleure gestion qu'une société publique. En complément des exemples que je vous ai livrés hier, je vous renvoie aux classements européen et mondial : les aéroports qui arrivent en tête sont publics ; les aéroports que nous avons privatisés en France, en particulier celui de Nice, se situent dans les profondeurs du classement. Il n'est donc absolument pas certain que, comme vous le prétendez, la privatisation d'Aéroports de Paris conduira subitement cette société à investir et à se développer, et que tout sera formidable, en tout cas beaucoup mieux qu'aujourd'hui. La privatisation n'offre aucunement la certitude que ces aéroports seront mieux gérés qu'ils ne le sont à l'heure actuelle. Le classement mondial des aéroports apporte la démonstration inverse.

Par ailleurs, vous devriez écouter ce qui se dit dans le monde du transport aérien, notamment au sein de l'IATA – l'Association internationale du transport aérien, qui réunit toutes les compagnies mondiales, ce qui n'est pas rien. Les opérateurs utilisant les aéroports nous disent aujourd'hui que ceux-ci doivent rester publics, qu'il n'y a aucune raison de les privatiser. Selon eux, avec une telle approche court-termiste, les aéroports ne fonctionnent pas forcément mieux, in fine, que les aéroports publics, tout en étant plus chers. Vous voyez donc que, du point de vue de la simple rationalité économique, ça n'a pas de sens. De surcroît, vous allez vous priver d'une manne financière en créant un fonds qui procurera des revenus inférieurs aux dividendes versés, au cours des dernières années, par Aéroports de Paris et La Française des jeux. De ce point de vue également, ça n'a aucun sens.

Et puis, au-delà de la question des aéroports et de leur fonctionnement, il y a un enjeu d'aménagement du territoire à l'échelle du Grand Paris. Nous aurons l'occasion d'en reparler lorsque Jean-Louis Bourlanges défendra un amendement auquel nous nous rallierons. Il est, en effet, indispensable que les grands acteurs, les grandes collectivités soient, demain, au coeur de l'avenir et du développement d'Aéroports de Paris.

Il est vraiment dommage que vous n'ayez pas écouté tous ces arguments. Vous faites preuve de dogmatisme. Je reste convaincu que ces 10 milliards vont permettre avant tout d'éviter de trop tutoyer la barre des 100 % d'endettement par rapport au PIB. Il était sans doute possible de réaliser des économies dans le budget de l'État plutôt que de brader ce qui, pour nous, est un élément stratégique que la France aurait dû garder.

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