Je ne vais pas relancer le débat sur le sujet, même s'il est bon que chacun puisse défendre sa position, comme l'ont fait MM. Dharréville, Potier ou Fasquelle.
Je veux rétablir quelques vérités et vous redire à quel point cette opération marque un vrai changement pour la place de l'État dans les entreprises et dans l'économie française. Nous estimons que l'État fera mieux par la régulation ce qu'il fait par la participation. J'en suis profondément convaincu.
Il s'agit d'une bonne opération, et je récuse formellement le terme de braderie. En effet, l'État vend à un moment où ADP se porte bien, grâce au travail remarquable de sa direction et de ses salariés. Personne n'est capable aujourd'hui de me dégager 2,5 à 3 milliards d'euros de financement régulier, pérenne et stable pour l'innovation. Je crois profondément que le vrai défi pour l'État au XXIe siècle réside dans l'innovation et dans notre capacité à forcer les portes du futur pour maîtriser les technologies, qui seront sinon exclusivement chinoises ou américaines. Oui, nous avons besoin d'investir dans l'avenir. Oui, la France doit être une grande nation possédant des technologies puissantes. Et non, nous n'avons pas aujourd'hui les moyens de le faire, parce que l'État continue de se comporter en rentier dans un certain nombre d'activités, alors même qu'il pourrait avoir le même résultat grâce à la régulation. C'est ce que nous vous garantissons.
Quant à dire que tous les aéroports privés échouent et que seuls les aéroports publics réussissent ou qu'aucun aéroport privé ne réussit, pardon, Daniel Fasquelle, mais je le conteste. Le huitième aéroport mondial, selon le seul classement qui fait foi, est totalement privé, c'est celui de Heathrow à Londres, ADP étant trente-septième.
Je conteste également l'affirmation selon laquelle nous ferions preuve de dogmatisme ou de fermeture. Pardon, mais dire cela n'est pas reconnaître le travail que vous avez fait jusque tard dans la nuit hier, pendant les dizaines et les dizaines d'heures d'échanges que nous avons eues ensemble. Grâce à vous, le texte a bougé et s'est amélioré. Ce que nous avons retenu sur l'emploi dans le cahier des charges n'est tout de même pas négligeable : il n'y avait pas d'attention à la question de l'emploi dans le cahier des charges, et elle fait désormais partie des éléments qui seront demandés aux investisseurs, grâce à M. Peu et au groupe communiste. En matière d'aménagement du territoire, je vous rejoins totalement, Daniel Fasquelle : je n'avais pas prévu, au départ, de faire une place aux collectivités locales dans le capital d'ADP, mais je suis ouvert à cette idée, comme nous allons le voir avec l'amendement de M. Bourlanges. Le texte est meilleur, grâce à vous, à vos propositions et à votre travail.
Ici, chacun a ses convictions et sa vision de l'État, et il est bon que nous ayons pu les exposer. Je crois profondément à celle que je défends, mais j'insiste : partant de convictions différentes, le texte, après nos débats, a changé et s'avère meilleur, grâce à votre travail.