Monsieur le ministre, j'interviens, au nom de mon groupe, depuis la tribune pour marquer une certaine solennité.
Nous sommes radicalement opposés à la privatisation de La Française des jeux.
Le but d'une entreprise privée, c'est de réaliser du profit, de se développer. Que devons-nous penser, comme parlementaires, du développement des jeux d'argent ? Souhaitons-nous que ce commerce prospère et prenne de l'ampleur ? N'avons-nous aucune opinion sur le fait qu'un nombre toujours grandissant de nos concitoyens deviennent des drogués du jeu ? Ne sommes-nous pas instruits par toutes les études qui montrent les désastres provoqués par l'addiction ?
C'est là un problème de fond, et le contrôle public des jeux d'argent permet au Gouvernement de limiter, voire – pourquoi pas ? – de faire disparaître demain ce type de jeu.
En privatisant La Française des jeux, vous agissez de manière purement idéologique. Vous faites preuve d'un sectarisme total : « notre seule règle », proclamez-vous, « c'est l'argent ! ». C'est même absurde d'un point de vue financier : c'est une activité très rentable, qui rapporte beaucoup d'argent à l'État.
J'espère être un tout petit peu convaincant : franchement, ne voyez-vous pas le danger que comporte cette opération ? Privatiser, cela veut dire que cette entreprise cherchera à pousser nos concitoyens – et tout spécialement, on le sait bien, nos concitoyens des milieux modestes – à jouer davantage, à miser plus d'argent. On connaît la publicité : 100 % des gagnants ont tenté leur chance ; certes, mais tous les perdants aussi ! C'est d'abord à eux que nous devons penser, et, encore une fois, ils appartiennent souvent aux milieux modestes. Comme vous refusez d'augmenter les salaires, ils ont l'espoir d'améliorer leurs revenus.