Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du jeudi 4 octobre 2018 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 51

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Les faits sont têtus ! Nous avons pour nous la vérité des chiffres.

L'essentiel n'est pas là. Personne ici ne s'oppose aux jeux, mais regardons la réalité en face, « avec pragmatisme » comme vous aimez à le dire : on joue de plus en plus. Les chiffres rapportés par notre collègue Juanico sont parlants à cet égard : chaque année, 40 000 personnes perdent leur emploi en raison de leur addiction croissante au jeu. Non seulement le nombre de joueurs augmente, mais le nombre de joueurs dits à risque est passé de 400 000 en 2010 à plus d'un million aujourd'hui. Contestez-vous cette évolution ? Elle est due notamment au fait qu'il est de plus en plus facile de jouer en ligne grâce aux smartphones.

Surtout, les catégories sociales qui jouent le plus sont aussi celles qui sont le plus touchées par la précarité et la baisse du pouvoir d'achat. Cela, nous le savons ! Quelle réponse apportons-nous à ce problème ? C'est un débat de santé publique ! On va privatiser, c'est ça la réponse ? Vous voulez nous faire croire qu'il y aura plus de contrôle public une fois l'entreprise privatisée ?

Mais pourquoi privatiser si ce n'est pour dégager des marges plus importantes ? Quel intérêt un acteur privé trouvera dans cette poule aux oeufs d'or, sinon en la rendant plus productive encore, en atteignant de nouveaux publics au risque de développer l'addiction aux jeux ? Cela, nous le savons et face à cela, nous ne pouvons pas rester les bras ballants en disant : « On verra ». C'est cela, l'enjeu !

Vous avez beau nous parler du keno ou de ce que vous voulez, cela ne changera rien au problème : voulons-nous une société minée par l'addiction aux jeux ? Voulons-nous que les paris sportifs se développent ? Devons-nous rester indifférents au fait que les présentateurs sportifs sont devenus des publicités ambulantes pour des sites domiciliés dans des paradis fiscaux sous prétexte que le jeu existe depuis toujours ? Soyons sérieux ! Ce que vous êtes en train de mettre en place va aggraver la situation.

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