Intervention de Emmanuel Macron

Séance en hémicycle du lundi 3 juillet 2017 à 15h00
Déclaration de m. le président de la république

Emmanuel Macron, Président de la République :

La paix n'est pas seulement le socle de l'Europe, elle en est en l'idéal, toujours à promouvoir, et seule l'Europe, et la France dans l'Europe, aujourd'hui, peuvent y parvenir.

Alors oui, nous romprons avec les facilités que nous nous étions données au cours des années précédentes, pour être à la hauteur de ce que le moment exige de nous. Fernand Braudel le disait : « l'Europe ne sera pas si elle ne s'appuie sur ces vieilles forces qui l'ont faite, qui la travaillent encore profondément, d'un mot si l'on néglige tous ses humanismes vivants. » Ne les négligeons plus.

Mesdames et messieurs les parlementaires, nous connaissons à présent l'enthousiasme des commencements, mais la gravité des circonstances nous empêche d'en ressentir aucune ivresse. Le terrorisme n'a pas désarmé. Nos équilibres financiers sont dégradés, notre dette est considérable. L'investissement productif est encore trop faible, le chômage est toujours insupportable. La dureté de la vie est là, pour tant et tant de nos concitoyens. Mais le peuple français nous a fait connaître ses volontés, et nous en serons les serviteurs. Il y aura de l'imprévu, des oppositions, des moments difficiles, mais nous ne laisserons pas un instant tous ces aléas nous décourager. Devant chaque difficulté, au lieu de baisser les bras, nous en reviendrons à l'essentiel et nous y puiserons une énergie plus grande encore. J'y suis prêt. Je suis sûr que vous l'êtes aussi. Car par notre engagement, les Françaises et les Français retrouvent leur fierté. De fait, nul, ici, n'a intérêt à ce que la France échoue ou n'avance pas suffisamment vite.

Le peuple français ne nous demande pas seulement de l'efficacité. L'efficacité est un instrument, et on peut être tout à fait efficace au service d'une mauvaise cause. Non : il nous demande ce que la philosophe Simone Weil appelait l'« effectivité », c'est-à-dire l'application concrète, tangible, visible des principes qui nous guident, le refus d'être pris en défaut et de clamer des principes dont nous ne poursuivons pas sans relâche l'application. Le principe d'effectivité, c'est pour vous, pour moi, pour le Gouvernement, de ne jamais cesser de se demander si nous sommes en pratique fidèles à nos principes, c'est-à-dire d'abord à la liberté, l'égalité, la fraternité.

Ce que nous avons à accomplir, c'est une véritable révolution. Nous sommes ici, vous et moi, pour renouer avec ce courage français qui ne se laisse pas distraire par ceux qui, n'ayant su aller nulle part, sont en quelque sorte revenus de tout. Nous devons, à chaque instant, être à la hauteur de cet espoir français par l'engagement de tous. Car, ne vous y trompez pas, les forces adverses continuent d'être puissantes, non pas tant au Parlement, où les oppositions légitimes s'expriment, non pas tant dans la rue, que, tout simplement, dans les têtes. En chacun de nous, il y a un cynique qui sommeille. Et c'est en chacun de nous qu'il faut le faire taire, jour après jour, en lui rappelant sans cesse le devoir qui est le nôtre, en lui rappelant sans cesse le moment que traverse notre pays. Et cela se verra. Alors nous serons crus. Alors nous rendrons le service que le peuple français attend de nous, avec humilité. Alors nous resterons fidèles à cette promesse de nos commencements, cette promesse que nous tiendrons parce qu'elle est la plus grande, la plus belle qui soit : faire à l'homme, enfin, un pays digne de lui. Vive la République, vive la France !

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