Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du jeudi 4 octobre 2018 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Après l'article 57

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Je ne me revendique pas du tout du gaullisme, mais je sais reconnaître, à tout le moins, la cohérence de la pensée de M. Fasquelle comme de la tradition politique à laquelle il se rattache. Et il ne s'agit pas là seulement d'aspects juridiques ou économiques, mais bien politiques. Je trouve assez édifiante la position de la rapporteure : elle reflète bien, dans sa pureté, l'idéologie néolibérale, laquelle prétend inventer quelque chose qui est en réalité vieux comme le capitalisme – un gros mot que vous réhabilitez d'une manière éclairante. Alors que vous prétendez vous garder de toute idéologie, vous êtes entièrement guidés par elle. De fait, expliquer que les entreprises n'appartiennent à personne, c'est reprendre la vieille lune de la main invisible du marché. Vous n'avez absolument rien inventé.

Et par rapport à cela, le raisonnement de M. Fasquelle et celui de la tradition politique qu'il représente peut apparaître décalé. Dans le contexte actuel d'ultra-financiarisation de l'économie, vous partagez, monsieur Fasquelle, nos constats sur la part prise par le capital au détriment du travail et proposez une mesure de bon sens pour rééquilibrer les choses. Mais c'est proprement impossible pour les tenants du néolibéralisme, qui se rattachent en fait à un courant de pensée du XIXe siècle. Le choix qui est fait n'est pas neutre, ne résulte pas d'une négociation entre égaux, mais constitue la décision d'une minorité financiarisée qui impose son rapport de forces.

Monsieur Fasquelle, vous défendez une forme d'égalitarisme gaullien, un capitalisme prêt à accepter des concessions. Mais la pointe avancée du libéralisme financiarisé, représenté aujourd'hui par notre ministre-là, bute sur cette vision.

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