Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du vendredi 5 octobre 2018 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 62

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Je vous demande des réponses. Avez-vous peur des salariés ? Pourquoi, en l'occurrence, ne suivez-vous pas le modèle allemand ? Jugez-vous qu'il est inutile que la moitié des salariés siègent au sein des conseils d'administration ? Vous n'argumentez pas mais vous vous bornez à des arguments d'autorité, sans expliquer en quoi cela poserait problème.

Vous avez rappelé le débat sur les seuils, qui est derrière nous. Répondez plutôt à la question que je vous pose maintenant : pourquoi ne pas faire confiance aux salariés, et leur ouvrir la moitié des sièges au sein des conseils d'administration ? À mesure que nos débats avancent, votre vision de l'entreprise me paraît assez lunaire, et non réaliste. Ainsi, hier soir, madame la rapporteure, vous vous êtes laissée aller à une sorte d'envolée pour nous expliquer que l'entreprise « n'appartient qu'à elle-même », qu'elle n'a pas de propriétaire et qu'il incomberait aux parties prenantes d'en négocier l'usage. Cela nous a paru tout à fait étrange. C'est un peu comme si vous disiez que la chaise sur laquelle vous souhaitez vous asseoir s'appartient à elle-même, et que vous devez négocier avec elle le droit de vous y asseoir ; de même pour l'assiette dans laquelle vous voulez manger. Un tel raisonnement est totalement à rebours de la réalité.

Je le répète, vous êtes toujours très conséquents lorsqu'il s'agit d'aggraver la financiarisation et la libéralisation ou de faire reculer les droits des salariés, mais, en même temps – puisque cette locution vous est chère – , vous n'allez pas au bout des choses, alors que le présent article vous en donne une formidable occasion. En quoi cela poserait-il un problème que les salariés représentent la moitié du conseil d'administration ? C'est le cas en Allemagne, je le répète, et cela se passe très bien.

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