Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du vendredi 5 octobre 2018 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Article 62 ter

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Nous discutons d'un amendement important, qui vise à instaurer une véritable transparence sur les écarts de rémunération dans les entreprises. Vous le savez, les députés communistes se battent de longue date pour l'instauration d'une échelle des salaires. J'aurai l'occasion de faire des propositions en ce sens mais, pour l'heure, nous n'en sommes pas là : il s'agit simplement de rendre publiques un certain nombre de données.

Vous nous expliquez depuis hier que l'entreprise est un bien commun, que tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, qu'il n'y a aucun problème : tout est nickel, il n'y a rien à cacher. Je pense que vous devriez au contraire voter cet amendement, qui apporterait des éléments d'appréciation aux salariés et à l'ensemble des acteurs de l'entreprise sur la manière dont le travail et le capital sont rémunérés, autrement dit sur la répartition de la valeur ajoutée produite par l'entreprise. Ces éléments d'appréciation me semblent fondamentaux pour imaginer l'entreprise de demain comme un bien commun. Ca n'y suffira pas, mais c'est un élément décisif. Je soutiens donc naturellement cet amendement, même si, à mes yeux, madame la rapporteure, il ne s'agit ni de sauver le capitalisme, ni de le moraliser : je pense qu'il faut dépasser ce système qui a vécu et beaucoup fait de mal.

Madame la rapporteure, vous avez affirmé que cette mesure contraindrait les entreprises à justifier leur modèle économique, dans un contexte concurrentiel. Pour ma part, je pense que nous devons instaurer des mécanismes vertueux, qui pourront ensuite essaimer et contribuer à établir des rémunérations plus élevées, des droits renforcés, partout dans le monde, y compris dans notre pays. Nous devrions donc prendre cette décision aujourd'hui ; il n'est nul besoin d'attendre pour adopter cette mesure de bon sens, qui n'est, de surcroît, pas coûteuse. Il faut dès maintenant s'attaquer frontalement aux écarts de rémunération, aux inégalités, qui sont exorbitants. On le sait, les multinationales du CAC40 connaissent des écarts de rémunération de 1 à 280, et, selon les dernières études, l'augmentation salariale captée par les très hauts revenus est extrêmement élevée. Si l'on veut s'attaquer à cela et commencer à agir pour mieux répartir la valeur ajoutée, il serait extrêmement utile de prendre cette décision.

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