Il faut assumer nos différences ; je respecte votre vision du monde comme, je n'en doute pas, vous respectez la nôtre.
Nous pouvons tous en enorgueillir : le système économique français est l'un des moins inégalitaires du monde développé. Sans entrer dans les détails, je souligne simplement que le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, est bien plus faible en France que dans d'autres pays occidentaux – notamment les États-Unis et le Canada, que je connais bien et où je suis élu.
Cela ne veut pas dire qu'il faut s'arrêter là ! C'est pourquoi nous avons voté plusieurs mesures dans ce projet de loi, notamment sur le forfait social et l'incitation à l'épargne salariale, pour continuer à mieux distribuer les rémunérations.
Nous nous accorderons sans doute pour dire que la pérennité de notre modèle exige une meilleure redistribution de la valeur. En revanche, nous divergeons sur un point essentiel : vous pensez que c'est ici, dans cet hémicycle, que l'on peut fixer les rémunérations de 20, 25 ou 30 millions de salariés en France ; nous pensons que c'est encore et toujours au sein des entreprises, au sein des branches, que ces décisions doivent se prendre – à une exception bien sûr, celle du salaire minimum.
La transparence sur les écarts de rémunération est un élément crucial pour faire pression sur toutes les parties prenantes, y compris les dirigeants et les actionnaires, et c'est pourquoi nous avons voté en commission un amendement allant en ce sens. Mais diriger les entreprises d'ici, fixer les salaires d'ici, non ; sur ce point, mettons-nous d'accord pour ne pas être d'accord.